Que d'études, disent ceux qui sont contre les projections, avaient prévu l'évolution des forces armées soviétiques, la marine en particulier, pour les horizons 2025 et même 2050 et qui dorment dans les tiroirs. N'est-ce pas que nous avons l'habitude de réfléchir «continuité» et non pas rupture ? On imagine l'évolution globale du pays comme s'inscrivant dans un processus de linéarité. Il ne manque plus que des scientifiques pour prétendre tout décrire par une fonction mathématique. L'introduction dans la réflexion prospective d'éléments de rupture n'est plus crédibilisée, car que de prévisions qui intégraient la rupture et l'inversement des tendances, en s'appuyant sur la logique des rapports d'opinion qui traversaient la société, s'étaient avérées peu conformes à la réalité basée sur la logique des rapports de force. Faudrait-il pour autant renoncer à identifier, dans tout processus dit d'évolution pour les uns et d'immobilisme dégradateur pour les autres, une dose d'intelligence? Certainement que non car tout ce qui s'entreprend répondrait à une logique politique basée sur des enjeux de pouvoir, et cela est valable pour tous les acteurs de quel côté qu'on les regarde. Cela ne veut pas dire que l'avenir de l'Algérie est occulté des préoccupations. Pratiquement, toute réflexion sur la saisie des données qui influencent l'évolution des variables politiques (il y en qui voudraient y inclure les variables sécuritaires) devrait obligatoirement tenir compte de l'existence de plusieurs acteurs représentant des groupes d'intérêts qui se soumettraient à des arbitrages de coordination pour arriver à des compromis. Il arrive parfois une «rébellion» interne qui risque de produire un séisme politique dévastateur pour le système auquel se substitueraient d'autres systèmes portés par de nouvelles équipes qui proviendraient de l'opposition. Ouyahia expliquait le 5-Octobre par un déséquilibré au sein du système. Dans la survenance de tels cas, il y a des interventions de tous les groupes d'intérêts, particulièrement celui par lequel l'implosion risquait de se produire, pour imposer une paix négociée et exclure ceux qui montraient leur «entêtement». En attente dans l'opposition au sein du système, il y a ceux qui y étaient intégrés (au pouvoir) et qui n'y ont jamais remis les pieds et ceux qui s'analysaient comme opposition réelle et qui déniaient le caractère d'opposants aux autres. Bachir Medjahed