Cette escale intervient au moment où le Pakistan participe à des manoeuvres navales conjointes avec des navires militaires de huit pays. Le bâtiment indien «INS-Tarangini» a accosté hier, au port d'Alger pour une escale de quatre jours. Le commandant du bâtiment, le lieutenant-colonel Sunil Balakrihnan, a effectué une visite de courtoisie au commandant de la façade maritime Centre, le colonel Mohamed Guelmami, avant de faire ces déclarations à la presse: «Mon navire voilier a entamé un voyage de 10 mois de l'Inde vers les Etats-Unis. Ce voyage est une opportunité pour les stagiaires qui se trouvent à bord, de mettre en pratique leurs connaissances en matière de navigation.» Avant d'accoster le port d'Alger, le bâtiment «INS-Tarangini», a fait escale dans plusieurs ports de différents pays (Djibouti, Arabie Saoudite, Egypte et Malte) avant de se rendre aux Etats-Unis pour participer à une compétition de course, prévue en mai prochain. Lancé en 1995 et mis en service en 1997, le bâtiment indien est d'une longueur de 52,8 mètres et peut atteindre une vitesse de 10 noeuds. Son équipage peut atteindre 45 membres, alors que celui des stagiaires est de 40. Le navire a déjà fait le tour du monde en 458 jours. Cette escale, la première du genre pour un bâtiment indien en Algérie, est curieuse en ce sens où elle intervient au moment où son rival et antagoniste de toujours, le Pakistan participe avec ses forces navales à des manoeuvres navales conjointes avec des navires militaires de huit pays, à savoir des bâtiments du Bangladesh, de la Chine, des Etats-Unis, de la France, de la Grande-Bretagne, de l'Italie, de la Malaisie et de la Turquie. Vingt-quatre autres pays sont présents en tant qu'observateurs pour ces manoeuvres intitulées «Aman 07», qui se tiennent du 6 au 13 mars. Pour l'Algérie, il s'agira d'une autre opportunité celle de voir de près les aptitudes navales des forces étrangères et de faire des efforts pour atteindre un niveau acceptable, alors que pour la marine militaire indienne, qui est entrée dans une phase de «fin de la non-violence», il s'agira de «s'essayer» loin de ses bases traditionnelles dans l'océan Indien. Il faut noter que l'Inde possédait une flotte sous-marine classique importante composée d'une vingtaine de bâtiments armés avec du personnel déjà formé en Union soviétique. On savait aussi que la marine indienne avait rencontré de nombreux problèmes techniques avec les sous-marins classiques de type soviétique et que d'une manière générale, si les officiers de marine indiens avaient un niveau tout à fait comparable à celui de leurs homologues des Grandes Marines, celui des officiers mariniers était très inférieur. L'autre raison qui presse l'Inde à parcourir les mers et à chercher à acquérir une meilleure expérience est d'ordre politique. Selon un expert militaire indien, «le Congrès indien, conduit par Rajiv Gandhi, ayant perdu les élections, l'opposition mena une politique totalement différente, entraînant une crise économique très grave avec des restrictions budgétaires drastiques. La marine indienne, non seulement n'a pu poursuivre ses projets d'acquisition, mais a dû revoir en dessous du seuil acceptable, ses programmes d'entraînement et d'entretien de la flotte». Il semble, cependant, que le programme de fabrication d'un sous-marin d'attaque à propulsion nucléaire d'un tonnage d'environ 3 500 tonnes se poursuive. Un prototype à terre de 90 MW thermique serait en essai. Le sous-marin sera construit aux chantiers Mazagon de Bombay. Aujourd'hui, l'Inde affiche clairement sa capacité nucléaire militaire, mais la réalisation d'un sous-marin nucléaire avec la mise au point des systèmes de tir et de lanceurs semble encore prématurée. Désireuse de s'affirmer comme une puissance mondiale, l'Inde a indiqué qu'elle comptait disposer d'un sous-marin nucléaire construit dans ses arsenaux en 2005 et de 3 autres unités semblables en 2020, à côté de 16 sous-marins classiques. En termes clairs, ce n'est plus l'Inde de Gandhi et de la non-violence instituée comme stratégie et comme mode de vie qui est venue parcourir la Méditerranée, mais bien une Inde désireuse de se montrer comme une force militaire avec laquelle il faudrait désormais compter.