Au lieu que l'administration cherche à se rapprocher du citoyen, comme on le prétend en haut lieu, avec l'instauration de la politique dite «de proximité», les administrés sont outrés par le comportement de certains fonctionnaires qui prétextent l'indisponibilité des imprimés, tout en leur suggérant de s'en procurer chez le buraliste ou le KMS du coin, s'ils veulent se faire délivrer les documents visés. «Ces pratiques qui frustrent bon nombre de citoyens en butte aux tracasseries de la bureaucratie, ont tendance à se généraliser à tous les services de l'administration», nous dira Si Maâmar, un vieux retraité de l'administration communale, avant d'ajouter: «Si l'on remonte dans le temps, ce procédé a vu le jour au niveau des mairies, dans la décennie 80, quand le fameux carton vert était distribué au compte-gouttes aux postulants au passeport et à l'allocation de voyage en devises.» Le relayant à son tour, Si Belhadj son compagnon de banc public ajoutera: «Le phénomène s'est étendu aux imprimés des demandes de visas, que les consulats ne fournissaient plus, mais que l'on retrouvait chez le KMS du coin.» «Puis, plus récemment encore, reprendra le premier interlocuteur, l'état civil fait reparler de lui par des pénuries inopinées d'imprimés d'extraits d'actes de naissance et de certificat de résidence, s'étendant parfois aux fiches familiales et autres fiches individuelles. Vous remarquerez que ces pratiques sont devenues courantes, depuis que les guichets sont occupés non plus par des fonctionnaires titularisés et régulièrement appointés par l'administration, mais par des agents pointant au filet social ou autre dispositif du pré emploi», a-t-il prétendu. «Il ne faut quand même pas exagérer, parce que ces jeunes font tout ce qu'ils peuvent pour nous servir, même s'ils travaillent dans des conditions pénibles», interviendra Hadj Bachir, retiré des affaires qu'il a confiées à son fils. Pour lui, «ce sont les responsables des services concernés, qui provoquent à dessein ces ruptures de stock d'imprimés, en négligeant de le reconstituer auprès de l'imprimerie officielle, en prétextant des contraintes budgétaires, à moins qu'ils ne soient motivés par des raisons inavouables…», laissera-t-il tomber, en signalant qu'il a lui-même été victime de ce phénomène, quand il a tenté de se faire délivrer un extrait de rôles auprès des impôts. Et tous les trois de se demander «jusqu'à quand ces attitudes et autres pratiques frustrantes vont s'éterniser dans l'impunité de leurs auteurs, alors qu'elles sont régulièrement dénoncées. Y a-t-il une inspection habilitée à sévir contre ce genre de pratiques ou devons-nous nous adresser… à la Ligue internationale des Droits de l'Homme, pour faire valoir nos droits d'administrés?...», conclura un brin gouailleur le vieux Si Maâmar. Comme pour tout arranger, il a été remarqué ces derniers temps, l'absence d'autres imprimés de documents administratifs censés être délivrés par la CNAS, à l'image de l'attestation de non-salarié ou les certificats médicaux de phtisio ou de médecine générale, au niveau de certaines communes de la wilaya de Tlemcen. Le comble c'est que tous ces imprimés prétendument en rupture de stock, sont vendus au vu et au su de tout le monde dans les librairies et autres KMS, dont les gérants ne se gênent nullement d'écouler leurs photocopies, les tarifs variant entre 5 et 30 dinars, selon l'importance de l'imprimé demandé.