Pour se faire établir un extrait de naissance, il faut se lever tôt, montrer patte blanche et faire jouer ses connaissances. La colère citoyenne s'est encore exprimée violemment à travers de nombreuses localités du pays. Le malaise a surtout trait au manquement flagrant dans telle ou telle prestation de service public d'ordre administratif censée être fournie par ces institutions. Parfois, pour obtenir une quelconque pièce administrative, le citoyen est forcé de poireauter toute la journée, voire user de son argent! Pas plus tard qu'avant-hier, le service de l'état civil de la commune du chef-lieu de wilaya de Tizi Ouzou a fait l'objet, dans la matinée d'hier, d'un saccage par un groupe de jeunes citoyens exacerbés d'apprendre que les imprimés de l'extrait de naissance n°12 ne sont pas disponibles. Le ras-le- bol s'est manifesté à travers plusieurs communes au quatre coins du pays faisant en sorte qu'il ne peut être réduit à un fait anodin. «On a l'impression qu'il y a une volonté délibérée de ne laisser aucun répit au citoyen», dira avec amertume un vieux fonctionnaire de l'état civil ajoutant que ce genre de situations risque d'être un alibi pour des dérapages flagrants. La tension est telle que l'établissement des pièces d'état civil est synonyme, pour la plupart des citoyens, d'une véritable corvée. L'avènement des documents biométriques a multiplié les tracasseries administratives auxquelles est soumis le citoyen. Au lieu de simplifier la tâche et rapprocher davantage l'administration du citoyen, les choses ont plutôt évolué dans la direction opposée. A titre d'exemple, une instruction récente a avisé les APC de restituer une certaine catégorie de registres des naissances après les avoir récupérés au niveau des daïras. Selon quelques témoignages, cela fait près d'une semaine que ces extraits très demandés en cette période de rentrée scolaire et de concours de recrutement, ne sont pas disponibles au niveau de ce service qui connaît une pression en cette même période. Profondément pénalisés par cette situation, des jeunes qui viennent des quatre coins de la wilaya pour récupérer ce fameux document ont déversé hier leur rage contre les chaises et vitres de ce service. Il a fallu que des jeunes saccagent le service d'état civil pour que les responsables se précipitent afin de ramener une quantité de 6000 imprimés de ce document réglementés et ce, auprès de la wilaya. Un autre cas de figure de ce genre de désagrément est constaté dans la capitale de l'ouest du pays. Pour se faire établir un extrait de naissance ou une fiche familiale à Oran, il faut se lever tôt, montrer patte blanche et faire jouer son réseau de connaissances. Cette situation accentuée ces derniers jours touche un grand nombre de communes de la wilaya d'Oran. Risquant de perdurer, elle a donné des idées aux intermédiaires qui ont fait leur apparition aux abords des sièges des APC. Ainsi, se faire délivrer une fiche familiale coûte 200 DA, un extrait de naissance 500 DA alors que pour le S12, le prix a atteint les 4000 DA, selon un grand nombre de citoyens qui se disent dépités et surtout ne comprennent pas qu'on puisse laisser cette faune de rabatteurs proposer ses services au grand jour sans qu'elle ne soit inquiétée. Ce type de problème a prévalu aussi au niveau de quelques communes de la wilaya de Béjaïa.