Un fait plus ou moins étrange, prend de l'ampleur au niveau des salles d'audience des tribunaux ainsi que celles de la cour, le charlatanisme. Certes rien de méchant, mais la situation tend à se généraliser et il n'y a qu'à faire un tour au niveau de ces salles, en fin d'audience. Les grigris et amulettes de différentes sortes qui jonchent le sol et sans pour autant oublier le sel, sont plus qu'explicatifs. Des parents de détenus ont été, bien des fois, pris en flagrant délit, telle cette vieille femme, surprise avec une seringue au niveau de la salle d'audience de la cour d'Oran. Elle simulera à l'agent de l'ordre l'ayant vu, être diabétique et quant à la seringue qu'elle tenait, elle prétendra qu'il s'agissait de son insuline. Elle dira ainsi à ce même agent en se lamentant: «El ham n'a fait qu'aggraver mon mal.» Ayant compris son simulacre, l'agent lui apprendra qu'on pouvait lui appeler une équipe médicale, présente d'ailleurs à la cour, si elle se sentait malade. «Non, mon fils, cela ira», balbutiera la vieille femme. Ce cas n'est pas unique et les femmes ne sont pas les seules à avoir recours à de telles pratiques. Le lieu réservé, dans les salles d'audience, aux hommes, a également son lot de gris-gris et autres. Tout est bon pour aider, le père, le fils ou le mari, et en plus cela ne dérange en rien la composition de l'audience. Ces parents, face à une peine de prison qui guette leur proche, même si elle n'est que de quelques mois, ne reculeront pas devant de telles pratiques. Interrogée, une veille femme approchée alors qu'elle tenait un écrit coranique entre les mains, dira: «Je sais que mon fils est fautif, mais que voulez-vous, en implorant Dieu et aidée aussi par les écrits d'un taleb expérimenté, j'espère ainsi que le juge sera clément.» «Je ne sais pas si j'ai raison, ajoutera El hadja, mais là, il s'agit de mon enfant, ajoutera-t-elle, les yeux rougis, et dans ces conditions, je suis prête à tout tenter.» Interrogés, certains des éléments de sécurité, présents dans ces salles d'audience, nous expliqueront que la majorité des parents de détenus ont recours à ces pratiques. Ajoutant aussi que c'est surtout, en fin d'audience, que nous découvrons du sel jeté, des amulettes et bien d'autres démontrant ce genre de pratique. En effet, ces dernières sont devenues plus qu'une habitude, et ce, même au niveau des administrations. Selon certains témoignages, elles ont envahi les lieux de travail et les directions en sont devenues la proie. Tout cela dénote l'inculture et l'esprit restreint de notre société.