La rencontre de football, prévue samedi 14 novembre au Caire, entre l'Egypte et l'Algérie, et comptant pour la dernière journée des qualifications Mondial-CAN 2010, est le sujet de discussion favori des Algériens, dans les cafés et sur toutes les places publiques, et ce, à deux jours seulement de ce rendez-vous, qui pourrait ouvrir toutes grandes les portes de Johannesburg à l'équipe nationale. Les fans des Verts ne jurent que par la victoire qui commence d'ailleurs déjà dans toutes les rues. «Rabhine w Rabi kbir», disent unanimement les jeunes, convaincu du grand pas accompli dans ces éliminatoires. L'engouement que suscite l'excellent parcours réalisé par les «Verts», lors de ces qualifications, a dépassé les amateurs de football, pour "contaminer" tous les Algériens (et les Algériennes), qui attendent impatiemment le jour J, en rêvant debout à une qualification au prochain Mondial 2010. Il est vrai que l'enjeu de cette rencontre est de taille. Un match nul ou une défaite par moins de deux buts d'écart, permettrait à l'Algérie d'assurer sa présence lors de la plus grande manifestation footballistique du monde, organisée pour la première fois sur le continent africain. Que ce soit dans les cafés, dans les lieux de travail, les écoles et même au sein des foyers les plus conservateurs, chacun y va de sa propre analyse, pour déterminer les chances de qualification de l'équipe nationale et pronostiquer le score final qui sera obtenu face à l'Egypte. "Il est temps pour nous de mettre fin à 24 ans de disette. Cette rencontre pourrait nous permettre d'aller au Mondial, c'est la raison pour laquelle tout le peuple algérien attend avec impatience, une qualification", a déclaré à Oran un sexagénaire, fervent supporter des «Verts» au demeurant. Dans les rues, l'approche du match et la fièvre qu'il provoque chez les mordus du football, montent crescendo. Les hommes ne sont pas les seuls à appréhender cette rencontre avec les nerfs à fleur de peau. Les femmes, elles, se sont mises également à vivre à leur manière cette période d'avant match. Parmi elles, Nassima, femme au foyer de son état et qui est loin d'être indifférente à ce rendez-vous historique pour le football algérien. Il n'y qu'à voir l'ambiance qui règne dans son quartier, pour comprendre son engouement: les drapeaux et autres banderoles aux couleurs nationales qui sont accrochés en face de son balcon, ont ravivé en elle un fort sentiment de nationalisme, même si le football reste loin de ses propres intérêts. "Franchement, a-t-elle dit, j'ai hâte de m'installer devant mon téléviseur, pour suivre cette rencontre qui s'annonce capitale pour toute l'Algérie. Ce sera peut-être le premier match excitant que je vais suivre dans ma vie, mais j'espère qu'on se qualifiera Incha' Allah face à l'Egypte", a-t-elle vivement déclaré. Et d'ajouter: "Jamais je n'ai ressenti auparavant un tel degré d'implication pour un match de football". Quant à Mohammed, commerçant de son état à Sidi Bel-Abbès, il nous rappelle: "Puisqu'ils nous ont barré la route de Rome pour le Mondial 1990, en usant de moyens anti-sportifs, il est temps pour nous de leur rendre la pareille, mais en les surclassant sur leur propre terrain, en jouant tout simplement comme on sait si bien le faire dans les grandes occasions. On peut donc faire confiance à notre équipe, car elle est capable d'un tel exploit porteur d'autres joies pour notre peuple", a-t-il ajouté. Les enfants de tous âges, sont quant à eux les principaux détonateurs de la folle ambiance, qui règne dans nos différents quartiers. Vêtus de maillots des joueurs de l'équipe nationale, arborant les noms de Ziani ou Bouguerra, ils jurent d'envahir les rues, en cas de qualification de l'Algérie à la Coupe du Monde. «Le jour de la rencontre se rapproche et je compte bien demander à mon papa de m'acheter un maillot de l'équipe nationale, même si celui de Ziani dépasse largement ses moyens. En tous cas, mes deux camarades de classe, ont déjà leurs maillots, aux noms de Ghezzal et Bouguerra», nous dira Aniss âgé 12 ans, un écolier de Relizane, pour qui l'équipe nationale passe avant l'examen d'entrée en 1ère AM et qu'il présentera en fin d'année scolaire. A deux jours du match contre l'Egypte, l'engouement et la fièvre sont montés de plusieurs crans dans les différents quartiers d'Oran, Saïda, Mohammadia et Mostaganem, où prospèrent encore pour quelques jours, les adeptes du «merchandising», qui écoulent à prix d'or les produits aux couleurs nationales.