Le ministère français des Affaires étrangères a appelé, vendredi, les Français vivant dans le nord et l'est du Mali, ainsi que dans la région frontalière proche, "à quitter immédiatement la zone en raison d'une nouvelle aggravation de la menace terroriste". Le Quai d'Orsay lie cet appel à l'enlèvement par des hommes armés à Ménaka (1.500 km au nord-est de Bamako), dans la nuit de mercredi à jeudi, d'un ressortissant français dans le nord du Mali. Selon une source sécuritaire malienne, Pierre Camatte, 61 ans, est retenu par "des islamistes armés" dans le désert du Sahara. L'appel à quitter la zone "et à regagner sans délai la capitale" malienne est adressé aux Français présents dans les régions de Kidal, Gao et Tombouctou. Le nombre de Français dans cette région est estimé à une dizaine de personnes. Il est aussi demandé "à ceux qui envisageaient de s'y rendre, de renoncer à leur déplacement". "Cette recommandation vaut également pour le Niger, au nord d'une ligne reliant Ayorou, Tahoua, Gangara et N'Guimi", a précisé le ministère. Le Quai d'Orsay "rappelle que le Sahel dans son ensemble est une zone dangereuse et recommande fortement aux Français résidents ou de passage de respecter les consignes de prudence et de vigilance. Outre une ligne tracée, allant jusqu'à la frontière du Niger, et selon le site ‘Conseils aux Voyageurs', le ministère déconseille "formellement aux voyageurs «de se rendre au Mali à partir de l'Algérie et, inversement, en Algérie depuis le Mali". "S'agissant de la zone au nord d'une ligne reliant Ouatagouna (frontière nigérienne) à Nara (frontière mauritanienne), en passant par Douentza au centre du Mali", les déplacements sont "déconseillés", sauf "avec une agence professionnelle qualifiée", ajoute le ministère. La région concernée par l'appel est connue pour être instable, parcourue par des combattants islamistes, des rebelles touareg et des trafiquants divers. Plusieurs Occidentaux - mais jamais de Français jusqu'à présent - avaient été kidnappés ces derniers mois dans le Sahel avant d'être acheminés dans le nord du Mali, puis libérés après paiement probable de rançon. A l'exception d'un touriste britannique qui a été assassiné par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Pierre Camatte avait l'habitude de se rendre "régulièrement au Mali" où il est impliqué notamment dans la culture d'une plante thérapeutique contre le paludisme, selon l'association qu'il préside dans les Vosges (est de la France). De son côté, le ministère malien de la Sécurité intérieure a assuré qu'il était installé depuis 2008 à Ménaka où il dirige une ONG locale et gère aussi un hôtel. L'armée malienne a engagé des recherches pour tenter de le retrouver, et a condamné avec "la dernière vigueur" ce qu'elle présente comme un "acte crapuleux de nature à saper les efforts de développement dans la région.