En perdant la gestion des œuvres sociales dans le secteur de l'éducation, le vieux syndicat perd sur toute la ligne et ne fait plus recette auprès de ses adhérents, les syndicats autonomes, par contre, ont gagné en maturité, rapportent certains observateurs, ayant suivi différemment la grève des enseignants. Au delà des acquis fondamentaux, arrachés par la force d'un mouvement de grève qui a paralysé, à un taux important, les lycées, les collèges du moyen et à moindre échelle, les établissements du primaire, il est unanimement reconnu que les syndicats autonomes ont beaucoup gagné en maturité, l'encadrement de la grève telle qu'elle a été menée ainsi que le renforcement des rangs des mouvements syndicaux dans le secteur de l'éducation, par de nouveaux adhérents, aura donné une autre vision à ce qui était la carte représentative du mouvement syndical dont l'UGTA détenait, jusqu'avant ces dernières semaines de grève, le plus grand nombre de fonctionnaires affiliés. L'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation, UNPEF, avec l'intense activité du bureau d'Oran, représenté par Mohamed Abdelhadi, a été la première formation syndicale autonome à tirer son épingle du jeu et s'installe à la première place, détrônant ainsi, avec ses 303.000 affiliés, l'UGTA qui connaît, en ce moment, le départ en masse de ses adhérents, victime, sans doute, de son inertie lors de la crise des trois semaines qu'a vécue le secteur de l'éducation. Face à cet état de fait et fort de ce constat, les représentants de l'UNPEF et à leur tête, Abdelhadi Mohamed feront entendre: «Nous sommes les représentants légitimes de Aïssat Idir, le père fondateur de l'UGTA et nous défendons, depuis plus d'une vingtaine d'années, les droits des travailleurs et le temps a fini par nous donner raison, avec les formidables acquis socioprofessionnels de ces derniers jours.» Cette première représentativité donne droit de siège lors d'éventuelles négociations ou concertations à venir avec le gouvernement. L'UGTA, de son côté, avait bien appelé à une journée de protestation, le 18 novembre, et ce, afin de prendre le mouvement en route, mais comme l‘ont prévue de nombreux observateurs, l'annonce d'ailleurs non tenue, n'était en fait qu'un geste de désespoir face aux nombreux départs de ses adhérents vers les autres syndicats dont l'UNPEf qui verra ainsi ses rangs grossir, avec les adhésions en masse des enseignants du cycle primaire, anciennement acquis par l'UGTA. La mauvaise gestion des œuvres sociales du secteur de l'éducation et les scandales à répétition, ne pouvaient plus durer et c'est là où le gouvernement a bien vu en accordant l'une des revendications, relative à la gestion des œuvres sociales comme formulée par les syndicats autonomes dans leur plateforme. Régi par les sections syndicales de l'UGTA, le dossier épineux des œuvres sociales sera désormais géré par une commission, totalement indépendante des syndicats. L'autre avantage, tiré lors de ce mouvement grève des enseignants, reste sans conteste celui relatif à la pleine coordination entre les représentants des différents syndicats qui ont adressé un communiqué commun lors des négociations. Entre le SNAPEST et l'UNPEF, une complémentarité a été mise à profit pour une plus grande réussite de la grève qui a été le soutien majeur aux négociations. Ainsi, le syndicat national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique, SNAPEST, assurant de son côté la fidélité du personnel des lycées et l'union nationale des personnels de l'éducation et de la formation, UNPEF, qui assurait, pour sa part, l'adhésion des enseignants du cycle moyen et une partie du cycle primaire, devenue encore plus importante durant la 2ème semaine de grève. Côté chiffres, dès le premier jour de grève, la satisfaction des syndicalistes autonomes s'est confirmée, avec un taux de suivi annoncé de l'ordre de 97,80%. Un taux qui est resté élevé jusqu'au dernier jour. Le fait, à souligner lors de ce mouvement de protestation, est celui des chiffres officiels avancés, tout à son honneur, par la direction de l'éducation d'Oran pour ne rester qu'à l'échelle régionale. Habituellement, les chiffres communiqués par l'institution éducative étaient toujours en deçà de ce que reflétait réellement la réalité sur le terrain, et ce, afin de minimiser les efforts et mot d'ordre des syndicalistes autonomes du SNAPEST, CNAPEST et UNPEF, les autres représentations ne jouissant pas d'une forte adhésion et souvent reconnus comme voulant faire cavalier seul, ce que les deux premiers syndicats cités ont compris, un peu tard, mais l'ont tout de même compris.