Quatre syndicats autonomes en un seul est la riposte adoptée par les principales organisations de la santé publique et de l'éducation nationale pour affronter les atteintes aux droits et à la liberté de l'exercice syndical. Reste à gagner la bataille de l'agrément. Les exactions et autres atteintes aux libertés syndicales, consacrées pourtant par la Constitution, sont loin de faire fléchir les différentes organisations syndicales autonomes, notamment celles représentant des secteurs stratégiques qui ont prouvé leurs capacités de mobilisation à chaque rentrée sociale. La mise en branle de la machine judiciaire en vue de se cacher derrière le verdict d'un juge pour menacer de radiation tous ceux qui optent pour le droit de grève et, par ricochet, casser des syndicats autonomes qui dérangent de plus en plus n'a pas apporté les résultats escomptés. En s'acharnant contre des formations autonomes, les pouvoirs publics ne font que rajouter de l'huile sur le feu et les pousser à davantage de persévérance. Face au mépris officiel, la radicalisation et l'union. C'est la réponse, pour ne pas dire la leçon, donnée par les syndicats autonomes Cnapest, Unpef, Snpssp et Snpsp aux pouvoirs publics qui tentent par tous les subterfuges de les contraindre à courber l'échine et à se consacrer à leur métier loin de toute activité syndicale. Mais loin s'en faut, les syndicalistes ont prouvé qu'ils ont le souffle long. La trêve “imposée” par les pouvoirs publics a été mise à profit par les principaux syndicats des secteurs de l'éducation nationale et de la santé publique, qui ont “animé” le front social depuis de longs mois pour débattre de leur sort et surtout d'un fracassant rebondissement. Conclusion : l'union fait la force, dit l'adage. C'est ce que les formations-syndicats sus-cités vont vérifier sur le terrain. En effet, les secteurs de la santé publique et de l'éducation nationale font désormais cause commune. Comme prévu, les quatre formations syndicales, Snpsp Unpef Cnapest et Snpssp ont décidé de consolider leurs rangs par l'union au sein d'une seule et unique structure dénommée “Confédération des syndicats algériens (CSA)”. Une rencontre, qui s'est achevée tard dans la soirée de lundi, a regroupé les quatre syndicats qui ont confirmé officiellement la décision annoncée il y a quelques jours, à savoir la création d'une confédération. Les premiers responsables de ces organisations syndicales justifient le recours à cette union par “la conjoncture actuelle marquée par des atteintes flagrantes au libre exercice du droit syndical et au droit de grève”. Une conjoncture caractérisée également par “une chute vertigineuse du pouvoir d'achat, d'un côté, et la marginalisation des syndicats autonomes dans le processus de la révision du code du travail, de l'autre”, note le communiqué signé par les premiers responsables des quatre syndicats autonomes. Et d'ajouter que “afin de faire aboutir toutes nos revendications”, les quatre formations “ont tenu une réunion qui a abouti à la constitution d'un front syndical dénommé Confédération des syndicats algériens”. En un mot : quatre syndicats autonomes en un seul pour tenter de faire le poids face à des pouvoirs publics redoutables. Ce qui n'était qu'une éventuelle alternative s'est finalement concrétisé pour l'heure au niveau des syndicats. L'idée du lancement d'une confédération remonte à plusieurs mois, mais n'a pu faire long feu en raison d'innombrables contraintes. Ceci sans oublier les premières tentatives du Snapap qui datent de plusieurs années déjà. Mais il semblerait que le forcing des deux tutelles pour casser les longues grèves des médecins et des enseignants a confirmé aux différentes organisations syndicales que le temps était venu pour oublier les batailles de leadership et se consacrer au renforcement des rangs en vue d'une plus grande mobilisation. Fraîchement constituée, la Confédération des syndicats algériens (CSA) “condamne les atteintes au libre exercice du droit syndical et du droit de grève et dénonce vigoureusement les mesures arbitraires prises par le gouvernement à l'encontre des praticiens de la santé publique et des travailleurs de l'éducation telles les ponctions sur salaires”. Au volet des revendications, le communiqué signé par les quatre syndicats ayant lancé la CSA demande “la révision des statuts particuliers des praticiens spécialistes et des généralistes de la santé publique, ainsi que la révision des anomalies constatées dans le statut particulier des corps de l'éducation nationale.” En vue d'arracher ces revendications, la CSA compte activer dans le sens de “la consécration du principe de la solidarité syndicale et l'utilisation de tous les moyens légaux” pour y parvenir. Il faut préciser, d'autre part, que l'annonce de la création de la CSA sera suivie par le dépôt du dossier d'agrément au niveau du ministère du Travail. Mais avant, les quatre syndicats se sont donné rendez-vous au mois de mai prochain pour adopter la charte et le règlement de la nouvelle confédération. “Mode de gestion, présidence, condition d'accès… seront débattus et décidés par les quatre syndicats”, nous dit le président de l'Unpef. Et de signaler que “la CSA est ouverte aux autres syndicats qui répondraient aux critères d'accès que la charte établira”. M. Dziri espère que les nouvelles lois régissant le travail ouvrent la voie à l'émergence de confédérations autonomes, “sinon, nous nous battrons pour que cela change”.