Il est arrivé au cours de l'histoire que le génie de nos ancêtres s'exprimât tout entier dans des fondations prodigieuses de grandes cités au Maghreb et en Egypte. La civilisation léguée à l'humanité par ces hommes au cours des IXe et Xe siècles ne fût en nul pays ni en nulle époque aussi méritante. Mais combien savent parmi nos fils et nos filles que ce sont les Aourabas, ces tribus berbères originaires de l'Est de l'Algérie, et les Maghila de Tlemcen qui soutinrent la dynastie naissante des Idrissides. Ce sont ces Algériens qui constituaient des tribus puissantes par le nombre et la force qui édifièrent, sous la direction de Moulay Idris El Akbar, la ville de Fès en l'an 800. Un autre fait mémorable mérite également d'être rappelé: la fondation de la ville d'Oujda en 904 par le monarque tlemcénien Mohammed Ibn El Khazer. Tout récemment ceux qui se sont oubliés en allant jusqu'à caillasser les joueurs de notre équipe nationale et leurs supporters auraient dû se remettre en mémoire que ce sont les ancêtres de ces hommes qu'ils ont agressés et humiliés qui ont fondé en 969 le Caire, la capitale de leur «Oum Eddounia». Il s'impose de rappeler ici en bref l'histoire de ces fondateurs du Caire. Abderrahmane Ibn Khaldoun, qui fût grand Cadi malékite au Caire en 1400, rapporte dans sa Muqqadima que se sont les tribus berbères Kutamas et Senhadjas qui ont soutenu les Fatimites et consommé la chute des Aghlabites, les vassaux du Khalife abbaside. Les tribus berbères se divisent en deux groupes principaux: les Baranis, issus de Burnus B. Barr, et les Botr, descendants de Madgis Al Abtar B. Barr. Figurent parmi les tribus de souche Baranis, les Kutamas, les Senhadjas et les Musmodas. Abderrahmane Ibn Khaldoun rappelle que des historiens comme At-Tabari, Al-Jurjani, Al-Masudi , Ibn Al-Kalbi et Al-Bayhaqi prétendent que les Kutamas et les Senhadjas sont d'origine sud-arabique. Ibn Khaldoun partage l'opinion de ces historiens. Les tribus Kutamas sont formés de plusieurs fractions: les tribus du Nord de l'Aurès, le mont de ces tribus avoisine l'Atlas; les Magris dont le pays s'étendait au Nord-ouest de Sétif et, enfin, les Zuwawa de la petite Kabylie (l'actuel Djurdjura). Sous l'instigation du Daï Abdallah Ben Mohammed Al-Katib, des milliers de Kutamas et de Senhadjas, ces derniers issus de l'Ouest algérien s'enroulèrent sous la bannière du Khalife Fatimite Ubayd Allah le petit fils de Mohammed fils de l'Imam Ismaël. Le Général fatimite, Jahwar Al Khatib As-Saqabi, un ancien esclave byzantin qui vécût longtemps à Bougie, fût envoyé par le Khalife fatimite Al-Muizz Lidin-Illah à la conquête de l'Egypte. En ce temps-là, l'Egypte qui était une province Abbasside était en pleine anarchie. Vers 868 un certain Ahmed, fils de Touloun, fût nommé gouverneur de Fostat. Peu de temps après, il se rendit indépendant. La dynastie Toulounide fût de courte durée. L'Egypte fût recouvrée par l'Arlabite Ibrahim II. La tempête fatimite qui ébranla la dynastie Idrisside et celle des Rustumides ne tarda pas à secouer l'Egypte. C'est ainsi que, sous la direction du général Jahwar Al-Khatib, les Kutamas et les Senhadjas conquièrent Alexandrie et fondèrent le Caire. Deux ans plus tard, ce fût au tour de Jérusalem de tomber aux mains de ces valeureux guerriers algériens. Ce fût Ayub le Kurde devenu Sultan indépendant de l'Egypte et de la Syrie qui ruina l'Empire fatimite d'Egypte et fit la guerre aux Francs. Par Rachid Benblal