Le dossier épineux du régime indemnitaire des enseignants sera ficelé dans un mois. “Ce dossier a été remis à la commission ad hoc, composée notamment des représentants de la direction générale de la Fonction publique et du ministère des Finances. Cette commission doit étudier dans les détails les propositions du ministère de l'Education et des partenaires sociaux. Cela demande du temps surtout que cela engage beaucoup de calculs”, a annoncé, Ahmed Tessa, conseiller du ministre de l'Education, invité de la rédaction, hier, de la chaîne 3 de la radio nationale. A cette tentative d'apaisement en direction des syndicats qui exigeaient une date-butoir, l'UNPEF répond par la reprise de la grève à partir du 24 février. Le conseiller du ministre a tenté de convaincre les enseignants, en direction desquels l'intervention était orientée, que le travail ne doit pas se faire dans la précipitation surtout qu'il concerne 500.000 fonctionnaires. “Dans un mois, tout sera réglé. La décision finale sera annoncée incessamment. La légitimité des revendications des syndicats est reconnue”, a-t-il appuyé. Un enseignant dira : «Pourquoi faire traîner et les enseignants et les élèves, si les revendications sont légitimes?». La sortie impromptue de M. Tessa n'a pas convaincu et a été, au contraire, perçue comme une tentative de gagner du temps, d'autant plus que l'intervenant esquivait les questions directes qui auraient pu calmer les syndicats. Les Cnapest, Unpef et le CLA veulent des garanties écrites et des actions concrètes, sous peine du retour à un débrayage généralisé. M. Tessa s'est contenté de se faire le porte-voix de Benbouzid, en s'interrogeant sur le mécontentement des syndicats “surtout que la commission ad hoc, qui finalise ses travaux, va bientôt annoncer ses conclusions. C'est le gouvernement qui décidera de la suite à donner à ces propositions. Il y aura un rappel à partir de janvier 2008 et une bonification des primes des enseignants. Cela est un grand acquis pour les syndicats. Mais, il y a lieu d'être patient”, dira-t-il, à bout d'arguments. Pour donner du crédit à ses propos, il ajoutera que les deux commissions, médecine du travail et oeuvres sociales, continuent de travailler. Selon le conseiller du ministre, les salaires des enseignants ont doublé depuis 2002. Les syndicats, qui ont appelé à une nouvelle grève nationale à partir de demain, ont demandé au ministère de l'Education des engagements écrits. “Le ministère nous a promis que le régime indemnitaire sera promulgué dans deux mois. L'ultimatum a expiré et nous n'avons aucun résultat”, ont déclaré les syndicalistes. Face à la mobilisation des syndicats de l'Education, décidés à aller au bout de leur menace, et les manœuvres dilatoires des pouvoirs publics, l'élève reste otage depuis des années de cette logique extra-scolaire. Le secteur de l'Education n'a-t-il pas besoin pourtant d'une période d'apaisement, d'au moins une décennie, pour réfléchir ses programmes et sa pédagogie et enclencher une sérieuse réforme dans ses structures. D'autant que le secteur de l'Education est dans le peloton de tête des secteurs ayant le plus gros budget de l'Etat. En attendant, le bras de fer entre la tutelle et les syndicats autonomes de l'Education n'est pas près de s'estomper.