La police judiciaire de la sureté de wilaya d'Aïn Témouchent vient de mettre fin aux agissements d'une bande de jeunes, composée de quatre individus, qui ont filmé l'agression sexuelle qu'ils ont commise sur une mineures de 16 ans. Voilà qui relance les débats sur le happy slapping -ou vidéolynchage- qui a tendance à se multiplier en Algérie.Agissant sur une information parvenue à leurs services, sur une vidéo que des jeunes s'échangent via Bluetooth et mettant en scène une adolescente en train de se faire violer par quatre jeunes, sous un pont situé à la sortie de la ville d'Aïn Témouchent, les enquêteurs de la police ont ouvert une enquête qui a abouti, quelques jours plus tard, à l'identification des «acteurs» sur la vidéo. Les concernés ont été ainsi tous interpellés. Interrogée sur cette affaire, l'adolescente, qui a confondu ses quatre agresseurs, a soutenu avoir été entrainé à l'endroit du viol sous la contrainte, ses «bourreaux» l'ayant menacée avec une arme blanche. Elle soutiendra aussi ne s'être pas rendue compte que la scène était filmée, certainement pour les besoins de la faire chanter par la suite. Les images du viol, qui ont circulé, auraient même pu être diffusées sur Internet, ce qui aurait été plus dramatique pour l'adolescente. C'est ainsi que les quatre jeunes, âgés entre 19 et 24 ans, présentés par-devant le procureur de la République près le tribunal d'Aïn Témouchent, ont été tous écroués. Outre le caractère de fait divers de cette affaire, cela relance le débat sur l'utilisation du téléphone portable qui devient ainsi une arme aux mains de certains qui s'en servent pour pratiquer chantages et harcèlements. Le phénomène est apparu outremer mais l'Algérie ne semble pas échapper au fléau. Ainsi, après le dérangement des gens par des bips, des messages ou mêmes des appels masqués, du temps où des puces anonymes étaient en circulation, on est passé à une utilisation dangereuse des nouvelles technologies, utilisant la caméra des téléphones portables dans le chantage, ses filles en particulier. Dans ce contexte, on citera l'affaire du suicide d'une lycéenne, il y a quelques mois, à cause d'une vidéo qui circulait dans son lycée avant de tomber dans la toile, sur plusieurs sites Internet. On citera aussi cette affaire qui a éclaté à Safsafa (Gué-de-Constantine, Alger) où S.O., 26 ans, a été interpellé par les gendarmes alors qu'il recevait 10.000 DA des mains de M.N., une mineure de 16 ans, une arrestation opérée grâce à un guet-apens préparé par les services de sécurité en collaboration avec la famille de la fille objet d'un chantage, et ce, après lui avoir versé par deux fois la somme de 20.000 DA, ensuite 15.000 DA, puis 600 euros avant de lui ajouter… 2.500 euros en échange de ne pas «dévoiler à son frère” la photo prise alors qu'il l'enlaçait. On pourra aussi citer dans le lot des utilisations dangereuses des portables l'affaire qui a défrayé la chronique en février 2009 et qui avait pour théâtre le lycée Lotfi d'Oran, lorsque l'agression d'une professeur de français, scène est d'une rare violence, a été filmée avec des portables, des images qui ont été ensuite balancées sur le Net, montrant la victime tombant de sa chaise, les jambes en l'air, sous les rires moqueurs des élèves. Ce happy slapping ou vidéolynchage, pratique consistant à filmer l'agression physique d'une personne à l'aide d'un téléphone portable ou des gestes d'intensité variable, de la simple vexation aux violences les plus graves, y compris les violences sexuelles, est apparu à la fin de 2006, phénomène qui a pris de l'ampleur dans tous les pays.