Sa passion pour le théâtre est née dès son jeune âge où il a commencé à mettre en œuvre son don artistique et épater son public dès l'âge de 08 ans. Il rejoindra par la suite la troupe Ivan Goran Kovacic dans la capitale croate, Zagreb. Il s'agit du comédien Marco Movre qui s'est vu décerner plusieurs trophées tout au long de ses 15 années de carrière. L'artiste a bien voulu nous parler de son expérience théâtrale. La voix de l'Oranie: Vous voilà en Algérie. Vous devez vivre une expérience tout particulière, non ? Marco Movre: Ma visite en Algérie s'inscrit dans le cadre du festival international du théâtre amateur qui se tient dans la wilaya de Mostaganem, durant une semaine. Nous tenons, à travers notre participation à cet événement, à représenter le théâtre croate, pour un échange culturel et un contact avec les différents praticiens du 4ème art. C'est donc une occasion pour nous d'échanger les expériences et connaître notre niveau en nous comparant aux autres troupes venus des différents pays et savoir aussi si la différence des cultures influence l'acceptation du public à l'autre. En Croatie, nous avons une grande liberté sociale qui nous permet d'aborder facilement les sujets sensibles avec une grande simplicité et sans aucune crainte du refus du public. Je pense que plusieurs pays souffrent d'un grand problème à ce sujet et devraient accepter l'autre tel qu'il est. - Vous voulez insinuer que certains spectateurs mostaganemois ont refusé votre pièce théâtrale « Nu au poivre » ? - Je peux vous dire que le public algérien n'est pas habitué aux salles de théâtre et c'est ce qui explique ses préjugés. - Parlez nous un peu de la pièce « Nu au poivre » : - La pièce raconte l'histoire d'un jeune homme qui, lors de son voyage au train, se trompe de valise et prend une autre valise similaire, et ce n'est qu'en rentrant chez lui, avec son ami Vladimir et son amie Jesna, qu'il se rend compte de l'erreur, et ce, en ouvrant la valise. Mais le plus impressionnant c'est qu'il trouvera des objets assez intéressants dans cette valise, dont une belle caméra. Après un bout de temps, le docteur fait apparition et demande au trois amis de le prendre en photo, mais là, ils découvriront, après la sortie de Jesna, que le docteur a disparu et été réduit en cendres. Ils resteront un bon moment cloués sans rien dire, avant de décider de ne rien dire à la police. Ils mettront la cendre dans un pot de poivre. Par la suite, un agent de police vient à la recherche du docteur disparu et insiste pour fouiller la maison. Les deux amis Vladimir et Jean Corane décideront de tromper le policier en lui demandant de les laisser le prendre en photo avec cette fameuse caméra, il disparaîtra à son tour. Jesna viendra aussi se joindre au groupe et ils finiront par faire disparaître des dizaines de gens, dont les employés de la banque pour pouvoir voler de l'argent, jusqu'au premier ministre, et c'est là que l'histoire se termine. - Il s'agit alors d'une banale histoire de fiction… - Au contraire, il ne faut pas voir l'histoire sous cet angle. L'histoire illustre les étapes sociales dures qui ont marqué la Croatie, notamment après que le premier ministre se soit retiré sans aucune explication plausible, du fait qu'il n'avait pas reconnu qu'il était homosexuel, et la caméra c'est en quelque sorte le pouvoir. - C'est donc une pièce typiquement croate ? - Une grande partie de la pièce traite en effet la réalité vécue en Croatie et le vide constitutionnel qu'a connu le pays, mais on ne peut pas l'appliquer dans notre vécu social et individuel. La caméra veut dire le pouvoir et le but derrière cette pièce est de voir comment une personne qui gouverne peut contrôler sa vie et celle des gens en étant en même temps une arme fatale pour eux. -Loin du monde du théâtre, que fait Marco ? -Ma vie professionnelle est indissociable de ma vie quotidienne. J'ai joué des rôles principaux dans plusieurs feuilletons croates et fait le doublage de plusieurs dessins animés célèbres comme Astérix et Obélix. - Et concernant votre participation dans les festivals internationaux ? - Nous avons participé dans plusieurs pays européens et arabes, dont l'Autriche, la Hongrie et la Tunisie où nous avons obtenu le prix de la meilleure réalisation théâtrale en 2003, en plus du festival de Téhéran en Iran, la Corée du sud et en Croatie. Nous avons obtenu plusieurs prix pour la meilleure comédie et la meilleure pièce de théâtre, nous nous sommes également classés premiers au Festival croate du théâtre professionnel. - N'avez-vous craint de venir en Algérie vu ce qui se disait à travers les médias étrangers concernant la situation sécuritaire ? - Pour confirmer que l'Algérie n'est pas un pays terroriste, nous avons pris le visa pour vivre une nouvelle expérience et, il faut dire, c'était une très bonne expérience pour nous. Nous avons eu l'honneur de connaître différents comédiens étrangers et arabes. - Un dernier mot - Nous espérons revenir encore l'année prochaine. C'est une belle occasion pour un échange culturel entre nos deux pays.