L'assistance a également apprécié le modèle d'expression scénique, quasiment analogue à celui de la «halqa», style théâtral si cher au regretté dramaturge Abdelkader Alloula. Les férus du 4e art et les fidèles du regretté Abdelkader Alloula se sont donné rendez-vous dès dimanche dernier au théâtre régional qui porte son nom, dans la capitale de l'Ouest, pour un spectacle intitulé «Il n'a été heureux qu'une fois: sous un parapluie», mise en scène par Ivan Romeuf, de la compagnie théâtrale française L'Egrégore, adapté de nouvelles du romancier et dramaturge russe Anton Tchekhov (1860-1904), mariant rythmes authentiques et coutumes séculaires et ancestrales. Ivan Romeuf s'est inspiré des réflexions d'Anton Tchekhov sur la condition humaine, rapportées notamment dans son ouvrage L'île de Sakhaline écrit en 1890 à la suite d'un voyage d'investigation sur l'enfer du bagne qu'abritait l'île située au large de la Sibérie. Ces nouvelles, le metteur en scène, les a déclinées en un cocktail de poésie, d'humour, de chansons et de musique, au bon plaisir de l'assistance qui a également apprécié le modèle d'expression scénique, quasiment analogue à celui de la halqa. Ce style théâtral si cher au regretté dramaturge Abdelkader Alloula, qui invite le public à entourer de près la scène pour vivre pleinement l'histoire, a plongé la salle dans une atmosphère de convivialité. Avec la troupe de L'Egrégore, il n'y a pas de lever de rideau, le spectacle commence à l'entrée des spectateurs qui sont agréablement surpris de l'accueil au thé et aux gâteaux servis par des comédiens pendant que d'autres s'agitent sur scène. Cette ambiance «programmée», où l'éclairage se suffit d'une bougie et d'une lumière tamisée, comprend aussi les va-et-vient d'acteurs tirant une longue échelle pour tenter d'atteindre une ampoule surélevée afin de la réparer, avant que l'on ne se rende compte que cela faisait partie de la comédie jouée. Le jeu offert en guise de préambule se poursuivra encore par d'autres interventions ludiques impliquant, notamment le metteur en scène qui surprendra plus d'un parmi le public en critiquant ouvertement sa propre troupe. Le spectacle est basé sur des nouvelles de Tchékhov contées en chorales sur fond de musique de piano par des acteurs qui, tantôt interprètent leur personnage, tantôt le narrent, et parfois même avec des marionnettes. Pour Ivan Romeuf, il s'agit d'une pièce «d'histoires du fin fond de la Russie, bonnes et mauvaises, mais toujours écrites de façon humoristique, jamais de complaintes tristes ou nostalgiques». «Toutes ces histoires nous racontent de beaux héros en vérité, hommes et femmes victimes et pourfendeurs de leur milieu, de leur époque, qui, par lâcheté parfois, renoncement souvent, subissent ou bouleversent leur existence», explique-t-il. Cette manifestation intervient dans le cadre du séjour d'animation et de formation artistique qu'effectue jusqu'à mercredi prochain à Oran, la compagnie théâtrale l'Egrégore, dans le cadre d'une tournée nationale entamée le 29 octobre dernier à Alger puis, Béjaïa et qui se poursuivra le 19 novembre à Mostaganem. Des spectacles et des ateliers de formation au profit de différentes troupes théâtrales de l'Ouest sont animés à Oran par Ivan Romeuf qui a, à son actif, plusieurs créations artistiques. Il est accompagné durant son séjour en Algérie de Maurice Vinçon, le directeur du théâtre de Lenche qui est lié, depuis 2006, par une convention de collaboration avec le Théâtre national algérien Mahieddine Bachetarzi (TNA). Mise en oeuvre sous le slogan «D'une Rive à l'autre», cette collaboration porte, notamment sur l'échange de spectacles, les créations mixtes, la formation de comédiens, et la valorisation des auteurs contemporains méconnus des deux pays.