Le directeur des Halles centrales, ou marché de gros des fruits et légumes, de la wilaya d'Oran, a révélé que les créances de l'établissement, cumulées depuis plusieurs années, totalisent 5 milliards de centimes. Ces créances constituent principalement les loyers des locaux commerciaux, non réglés par les commerçants ; ce qui alimente les dossiers qui sont l'objet de conflits entre ces derniers et l'administration gestionnaire des lieux. L'établissement se trouve, ainsi, dans une situation de faillite, à quelques semaines seulement avant sa dissolution officielle. A cela s'ajoutent les 300 millions de centimes de droits fiscaux dont doit s'acquitter chaque commerçant, exerçant dans ce marché de gros, avant que les activités soient transférées vers les nouvelles Halles, dans la commune d'El-Kerma. A l'heure actuelle, toutes les dispositions pour la fermeture de cet ancien marché et l'ouverture du nouveau, situé à El-Kerma, semblent avoir été mises en place à l'exception de celles relatives au personnel y exerçant et dont le sort demeure inconnu. A l'issue d'une visite qui nous a conduits aux halles centrales, à l'avenue Chakib Arslan, nous avons constaté que cet établissement fonctionne dans une totale anarchie. Le stationnement des dizaines de véhicules et de camions de transport entrave l'activité commerciale. Les conflits professionnels qui opposent l'association des commerçants au directeur de l'administration n'ont pas cessé. «Il faut dire que ces conflits se focalisent autour des créances impayées sans plus», nous explique le directeur de l'établissement. «Les commerçants occupent un espace pour l'exercice de leurs activités et bénéficient de certaines prestations sur place, mais ils ne payent rien en retour. Il est important que les commerçants s'acquittent de leurs dus avant de réclamer leurs droits» ajoutera-t-il. Sur cette question précise, notre interlocuteur se dit être intransigeant : «Je suis là pour faire mon travail et je ne vais pas y renoncer, quelle que soit l'attitude affichée par l'autre partie. Il y a des décisions de justice qui attestent qu'un nombre de ces commerçants, dont certains font partie de l'association sus-indiquée, ont loué des emplacements à des tierces personnes à des prix avoisinant les 30.000 DA. Pis encore, il s'est avéré que ces mêmes tierces personnes ne sont pas titulaires d'un registre de commerce. Ceci a ouvert les portes aux commerçants illicites qui, actuellement, squattent d'importants espaces». Le premier responsable de cet établissement accuse ces intrus d'être à l'origine du cadre insalubre, infect et pollué dans lequel fonctionne le marché de gros. «Je détiens des preuves concrètes qui appuient mes dires» indique–t-il. Pour ce qui est de la société «La Coval» qui, selon notre interlocuteur, a créé de nombreux problèmes en dépit de sa dissolution en 1988, il affirme que son personnel continue à imposer «sa loi». Il nous révèlera aussi que l'entreprise «La Coval» doit verser près de 2 milliards de centimes de créances. Ce chiffre est confirmé par les documents et les correspondances adressées au ministère de tutelle ainsi qu'aux différents services habilités. Interrogé sur le sort qui sera réservée à l'actuel établissement, notre interlocuteur, précisera que «son existence prendra fin une fois le nouveau marché d'El-Kerma réceptionné. Ce dernier fonctionnera sous la tutelle de l'Assemblée populaire de wilaya et pour ce qui est du sort du personnel qui exerce dans l'ancien marché de gros, il demeure inconnu». Le contexte conflictuel dans lequel vit le marché de gros a poussé chacune des deux parties belligérantes à recourir aux armes les plus efficaces pour se défendre. A ce titre, l'on saura que toute anomalie ou dépassement survenant à l'intérieur de cet établissement est filmé par les caméras et enregistré. Ces propos nous ont été confirmés par le président de l'association des commerçants du marché des fruits et légumes qui regroupe 168 adhérents installés à l'intérieur de la structure du marché et auxquels s'ajoutent les commerçants illicites. Ainsi, cette association représente près de 204 commerçants entre légaux et illicites. Pour ce qui est des solutions préconisées, le porte-parole de cette association estime qu'«il est impératif que les autorités compétentes procèdent au transfert du marché de gros dans les plus brefs délais. Ceci est le seul moyen susceptible de mettre un terme à cette anarchie dont le premier responsable est l'administration qui n'a jamais réussi à imposer l'ordre et l'organisation dans ce marché, alors que c'est sa mission principale. Pour ce qui de la question relative à l'insalubrité, le président de l'association fera savoir que les commerçants s'acquittaient des frais de prise en charge de l'hygiène en versant pas moins de 300 dinars quotidiennement. Selon lui, certains commerçants paient toujours ces frais mais l'administration n'assume pas ses responsabilités. Notre interlocuteur souligne que le personnel du marché compte 15 travailleurs dont 3, seulement, interviennent dans l'hygiène. Pis encore, ces agents travaillent sans moyens et sans eau, ce qui rend leur tâche difficile. D'ailleurs, la structure est devenue un véritable foyer pour les rats et même les serpents. Sur un autre registre, le président de cette association posera le problème de l'absence de la sécurité dans ce marché, ce qui expose les commerçants, et même les clients, à des agressions. «Il est inconcevable qu'un établissement aussi important ne soit pas doté d'une tour de contrôle. J'ajoute ceci, certaines personnes étrangères à l'établissement ont aménagé des espaces à l'intérieur du marché qu'ils exploitent comme parking pour le stationnement des véhicules. Ces exploitants de parking exigent à tout véhicule pénétrant à l'intérieur du marché de payer les frais de stationnement fixés à 200 dinars», précisera-t-il. Ces faits édifiants marquent le quotidien d'un établissement commercial et économique d'une grande envergure et qui est en mesure de réaliser une recette journalière de 120.600 DA. Cette somme présente le manque à gagner, enregistré par cet établissement, depuis que les commerçants locataires ont cessé de payer leurs loyers en 2005. Alors que les différentes parties intervenant dans la gestion de cette activité continuent de se renvoyer la balle, c'est le personnel du marché qui est la seule victime dans cette malheureuse situation.