?Je n?engage pas une partie si je ne la gagne pas d?avance.? Cette phrase lanc?e il y a ? peine quelques semaines par le nouveau Chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, m?me si elle n?a pas eu le traitement m?diatique escompt?, r?sume la nette volont? politique d?un homme qu?on disait discret et effac? jusqu?au bout des ongles. Le patron du FLN qui vient de remporter successivement deux batailles importantes pour son parti, ? la veille des ?lections l?gislatives et communales, (le d?part de Ouyahia de la chefferie du gouvernement et la promesse d?une augmentation des salaires), semble bien assur? de faire passer son projet de r?vision de la constitution. La mouture finale sera d?pos?e sur le bureau du chef de l?Etat dans les jours ? venir. Mais qu?est-ce qui peut donner autant d?assurance ? cet homme politique ? la carri?re atypique? Certainement le soutien et le poids du pr?sident Bouteflika. En ao?t 2000, d?j?, Bouteflika tenta une premi?re fois de le nommer ? la t?te du gouvernement sans grand succ?s. Six ans plus tard, il prend une ?clatante revanche sur le destin et prend la t?te de la chefferie du gouvernement en laissant sur le carreau l?inamovible Ahmed Ouyahia qui a, pourtant, r?alis? un travail colossal. Cette r?compense, bien qu?il la doit ? son mentor, n?enl?ve rien au m?rite de cet ancien professeur d?arabe, natif d?Aflou qui, n?anmoins, excelle dans la langue fran?aise. Aujourd?hui qu?il est clairement ?tabli que le courant ne passait plus entre le Pr?sident Bouteflika et Ahmed Ouyahia, et ce, sur bien de sujets sensibles comme la r?vision de la constitution ou la lenteur apparue dans le traitement de l?instruction de l?affaire Khalifa, le remplacement de Ouyahia par Belkhadem est bien le r?sultat final d?un bras de fer qui s?est engag? entre deux courants, l?un pr?nant une ligne politique ? l??vidence oppos?e aux changements ?conomiques brusques et radicaux et un autre qui entend bien finir les r?formes ?conomiques d?j? engag?es mais qui tra?nent dans certains secteurs tels que la r?forme bancaire et l?ouverture du capital de certaines banques commerciales. La c?l?rit? avec laquelle le nouveau chef du Gouvernement a trait? certains d?crets rest?s dans le tiroir, montre clairement la ?feuille de route? qu?il s?est fix?e durant ce mandat d?une ann?e. En s?attaquant prioritairement ? la question des salaires, et en renouant le dialogue avec les partenaires sociaux dans le cadre des r?unions bilat?rales ou tripartites, le successeur de Ouyahia entend bien faire comprendre que sa d?marche est bien r?fl?chie et programm?e. Parall?lement ? ce travail, somme toute logique, Abdelaziz Belkhadem est plus que jamais d?termin? ? d?fricher le terrain pour une ?ventuelle troisi?me candidature du pr?sident Bouteflika. Ce mariage de raison entre le Pr?sident Bouteflika et Abdelaziz Belkhadem trouve toute sa coh?rence dans le discours du SG du FLN qui ne se prive jamais de rappeler que le seul timonier ? bord est le pr?sident de la R?publique qui insuffle et coordonne le programme ?conomique. La s?paration des pouvoirs ent?rin?e par l?actuelle constitution entre le Palais d?El Mouradia et celui du gouvernement ne trouve pas gr?ce aux yeux du nouveau locataire du Palais du Gouvernement qui estime celle-ci comme ?tant une incoh?rence constitutionnelle dans un r?gime pr?sidentiel. C?est manifestement les pleins pouvoirs pour le pr?sident Bouteflika que Belkhadem veut lui apporter sur un plateau d?argent pour le troisi?me mandat qui se profile. Mais pour l?instant rien ne dit que Belkhadem gagnera ? tous les coups.