Une rencontre régionale des wilayas du centre a eu lieu, hier, à l'Ecole nationale des impôts, à Koléa, dans la wilaya de Tipaza, dans le cadre de l'opération de recensement économique qui va avoir lieu sur l'ensemble du territoire national.Cette rencontre qui s'est tenue sous l'égide du nouveau ministère de la Prospective et des Statistiques, dirigé par Hamid Temmar, a été présidée par le Professeur Sid Ali Boukrami qui vient de faire son entrée dans le gouvernement en qualité de secrétaire d'Etat aux Statistiques. La création même de cette structure et l'avènement d'un commissariat à la Planification et à la Prospective, nonobstant bien sûr la nomination d'une éminente personnalité du monde économique et universitaire telle que le Professeur Sid Ali Boukrami, témoigne de la ferme intention des plus hautes autorités de l'Etat de réactiver d'une manière scientifique et pragmatique l'outil statistique dans notre pays. Ainsi, à l'heure où l'intelligence économique devient une préoccupation managériale, la maîtrise de l'information revêt aujourd'hui une importance primordiale, et ce, pour agir toujours «en connaissance de cause». Invité à intervenir lors du débat sur le thème «Pour un système statistique au service d'une politique économique efficace», Zaïm Bensaci, président du Conseil National Consultatif pour la Promotion des PME, a jeté un pavé dans la mare en s'interrogeant : «Combien y a-t-il de PME en Algérie ?» Triste constat. Personne ne peut, à l'heure actuelle, avancer un chiffre fiable et précis. Pas même le département en charge du secteur. Pour Zaïm Bensaci, il est temps de dépasser les approches empiriques et apporter à l'entreprise des solutions raisonnées et porteuses de progrès. Le Gouvernement a tout intérêt à s'intéresser à l'information économique pour orienter ses politiques publiques et pour prendre des décisions cohérentes. Pour sa part, le Professeur Sid Ali Boukrami a posé le postulat de base, à savoir : «Prendre des décisions aujourd'hui, avec des informations de demain !» Le représentant du gouvernement exclura la dichotomie entre le secteur formel et le secteur informel qui, selon lui, n'existe pas. Le secrétaire d'Etat aux Statistiques s'est voulu rassurant sur l'enquête qui va être menée. D'après lui, cette étude ne procèdera pas du «flicage». «Je mettrai ma tête à couper !» s'est-il fermement engagé. Il notera, par ailleurs, la nécessité de mettre en place un nouveau système de statistiques relatif à la démographie des PME en Algérie. Faut-il pour cela amender la loi d'orientation sur la promotion de la PME ? Boukrami ne croit pas à l'urgence d'une redéfinition légale de la PME. Il faut savoir, en effet, que le système actuel de dénombrement des PME s'appuie sur un référentiel, caractérisé par une définition de l'entité PME, formalisé par la loi d'orientation N° 01/18 du 12 décembre 2002 portant loi d'orientation sur la promotion de la PME. Dans ce texte de loi, le chapitre 4 traite de la définition de la Petite et Moyenne entreprise :«La PME est définie, quel que soit son statut juridique, comme étant une entreprise de production de biens et/ ou de services : employant une (1) à 250 personnes dont le chiffre d'affaires annuel n'excède pas les 2 milliards de dinars ou dont le total du bilan n'excède pas 500 millions de dinars et qui respecte les critères d'indépendance… ». Cette définition jugée, parfois, trop restrictive a été inspirée, semble-t-il, des recommandations européennes et avait pour objectif essentiel d'harmoniser alors le concept de la PME pour l'étendre à l'espace euroméditerranéen. Le système actuel se résume donc à faire ressortir périodiquement la démographie des PME, à savoir la natalité et la mortalité des entreprises dûment déclarées auprès des institutions publiques telles que le Centre national du registre de commerce (CNRC), la Caisse nationale des assurances sociales (CNAS), la Caisse d'assurances sociales des non-salariés (CASNOS), l'administration fiscale, l'administration des Douanes, l'Office national des statistiques (ONS), la Chambre nationale de l'artisanat et des métiers (CAM), les Sociétés de gestion des participations (SGP) etc.… Par ailleurs, ce système d'information n'intègre pas l'ensemble des activités qui participent en Algérie à la création de richesses. L'absence d'une définition englobant les activités de certaines entités économiques qui s'apparentent réellement à des PME fausse également les données. Il s'agit de prendre également en considération les professions libérales (cabinets de prestations de soins médicaux, cliniques, laboratoires d'analyses, experts spécialisés, consultants,..) les professions règlementées (cabinets d'avocats, notaires, huissiers, agences de voyages, agences immobilières,…), les exploitations agricoles, les activités non sédentaires (pêche, transport,) le commerce, la distribution, les écoles privées, etc. Cette liste qui ne prétend pas à l'exhaustivité permet surtout de saisir l'ampleur des déperditions d'un système d'information économique dont la refonte est, disons-le, aujourd'hui, plus que jamais d'actualité ! Il est à noter que cette rencontre qui a regroupé des responsables des Statistiques des wilayas du centre a vu la participation d'éminentes personnalités, à l'image de M. Abdelmalek Benhabylès, célèbre juriste, avocat, artiste peintre, diplomate et homme politique algérien.