Le chant bédouin qui traduit l'âme du peuple, se perd dans l'indifférence générale, faute d'un espace où il puisse s'exprimer. Alors que les radios locales implantées dans les différentes régions du pays ne programmaient que très rarement le chant algérien dit bédoui, peut être que la cause serait due aux animateurs qui ignorent tout des racines de l'art Algérien ! Le chant bédouin, ou en général la chanson oranaise, malgré toute sa profondeur, est presque reléguée aux oubliettes et dans les archives des radios et télévision. A cela plusieurs raisons participent à la fois de certaines visions surannées de ce genre, pourtant prisé par les connaisseurs, et de cette espèce d'atavisme modernité qui nous colle à la peau et nous fait sombrer dans les comptines. Et c'est ce terrible modus vivendi imposé par une ère bigrement insolite qui transgresse les lois de la sagesse et tire le diable par la queue. En clair, cela signifie que les vraies valeurs fichent le camp pendant que règne omnipotent le temps des chrysanthèmes. Alors réveillez-vous les artistes pour goûter à l'exil du terroir. Et qu'importe si le chant jaillit de la voix de ténors de Hamada, Blaoui, Khelifi Ahmed, Wahbi, Aïssa Jarmouni ou Blond Blond, le premier interprète de « Wahran el Bahia » de son auteur Lili el Abbassi. Alors qu'aujourd'hui les médias audiovisuels ne cessent à chaque reprise, cette sacrée télévision nous fait sporadiquement découvrir lors de ces fameuses occasions. Drôle de mœurs, drôle d'époque qui laisse proliférer des pseudos chanteurs et chanteuses de tout acabit au détriment d'une musique qui constitue sans doute la photosynthèse de notre essence originelle. Car ce chant venu des entrailles de la terre et corrélativement de l'âme du peuple se consume à petit feu dans l'indifférence générale. Et si l'heure est au Raï, dont on dit qu'il n'est qu'un « bâtard », rien n'empêche de faire la part des choses en conférant à chacun son statut particulier. Fruits du terroir, le bédoui et la chanson oranaise, méritent assurément davantage de considération en cette époque où le frelaté assassine les cardinales vertus. Mais au fait, à qui la faute dans tout ce « beau » charavari ? Certainement pas à nous. Mais les responsables, qui avaient favorisé l'émergence de ce raï qui a été déjà adopté par le bureau spécialisé de l'action psychologique de l'armée française d'occupation. Vingt quatre années après l'indépendance, en 1986, la chanteuse Remiti, était invitée au Zénith de Paris pour « représenter » le patrimoine populaire de l'Algérie, accompagnée d'une armada de journalistes algériens présents uniquement pour confirmer et authentifier le raï ! Depuis le raï, c'est généralisé, édité et diffusé à travers les ondes et les paraboles, tandis que les chansons de Saber, Blaoui, Benzerga, Ourad Boumediene, Saïm Lakhdar, Ezzine, Bensmir, Baroudi Bekhedda, Abdelkader Gholam Allah, Maâti Hadj, Malika Meddah, Serrour Hasni, Hamada, Abdelmoula el Abbasi, El Madani n'ont plus cours. Drôle d'époque !