Avec l'entame de cette nouvelle année, la wilaya d'Oran aura franchi la 3ème année du troisième quinquennat et à son actif un grand retard, enregistré dans les délais de réalisation ou de lancement de grands projets structurants. Ce dysfonctionnement dans le calendrier de la mise en œuvre des projets inscrits au programme de soutien à la croissance économique, est bien réel, et ce, en dépit de la disponibilité des financements et d'importantes ressources humaines. Parmi les projets qui traînent depuis des années à Oran, la voie ferroviaire Es Sénia-Arzew dont l'inauguration officielle a été assurée par le président de la République en 2008. Contre toute attente, la locomotive du train, desservant cette ligne, n'aura sifflé que 03 jours seulement. Le projet de la mosquée d'Ibn Badis est frappé, à son tour, par cette même hémiplégie et a même battu tous les records, quant aux retards accusés dans certains projets, malgré l'envergure de son utilité et de son importance. La situation du palais des Congrès est loin d'être enviable et la carcasse de ce projet, livrée il y a près de 05 années, est devenue le synonyme du carrefour de la mort, vu le nombre de personnes ayant été tuées puis abandonnées, dans le sous-sol de la structure. Et si on parlait d'une autre carcasse, celle de l'hôtel Châteauneuf, nous aurons du mal à trouver les bonnes expressions pour diagnostiquer sa situation.
La voie ferroviaire Arzew-Es Sénia… an 36
Nombreux sont les projets structurants dont a bénéficié la wilaya d'Oran, dans le cadre des différents projets de relance et de croissance économique. La réalisation de la plupart de ces projets a nécessité une inscription financière d'envergure, notamment ceux profitant aux secteurs des travaux publics et des transports. Malheureusement, dans certains cas, les efforts déployés par le gouvernement n'ont pas été accompagnés d'une stratégie de bonne gestion de la mise en œuvre de ces projets. Résultat, des budgets non consommés, des rallonges financières imposées par le non respect des délais et parfois des pénalités de retard… Le projet de réalisation de la ligne ferroviaire, reliant Arzew à Es Sénia, est sans doute, l'un des exemples qui illustre parfaitement ces insuffisances imputées à la gestion des grands projets dans notre pays. En effet, cela fait plus de 36 ans que le projet de réalisation de cette ligne ferroviaire a officiellement été inscrit, en 1974 plus exactement. Ajourné durant plusieurs années, pour manque de moyens financiers, ce projet s'est vu arracher le financement nécessaire à sa réalisation dans le cadre du plan de soutien à la relance économique, ce qui a fait prononcer le grand ouf, aux habitants d'Es Sénia, travaillant à Arzew et ceux d'Arzew, travaillant à Es Sénia. Ainsi en 2001, le projet a été transféré au programme sectoriel, ce qui a nécessité le dégagement de budgets supplémentaires pour refaire les études techniques. Mais le lancement effectif de ce projet, ne verra le jour qu'en 2004 et ce sont trois entreprises nationales qui ont décroché, conjointement sa réalisation. Au lendemain du lancement des travaux du chantier de réalisation de cette ligne ferroviaire, les responsables du projet ont affirmé que cette desserte serait opérationnelle en 2009. Malheureusement, le projet a tâtonné pendant des années et a fait face à de nombreuses entraves dont une partie est de nature financière et technique. Les responsables ont même soulevé le problème lié à l'existence d'un nombre de constructions illicites, édifiées sur le trajet du projet. Ces constructions n'ont pu être démolies qu'en 2007, vu l'absence d'arrêtés de leur démolition. Officiellement, la liaison ferroviaire Es Sénia-Arzew, traverse six localités, à savoir Sidi Maârouf, Hassi Ben Okba, Gdyel, Hassi Bounif, El Mohgoun et Arzew, mais dès que le projet a commencé à prendre forme, il s'est vu confronter à une autre décision, ayant hypothéqué son sort, celle de raccourcir la station finale de son trajet à El Mohgoun, au lieu d'Arzew!
Que s'est-il donc passé?
La relance des travaux de la réalisation de la ligne a été accompagnée par un processus d'intégration des terres agricoles, traversées par cette ligne ferroviaire et leurs propriétaires ont été indemnisés. La cadence des travaux de réalisation du projet s'était nettement améliorée et les habitants des villes d'Oran Est, voyaient leur souffrance soulagée, n'était le problème évoqué par le groupement SONATRACH dont les responsables se sont opposés au fait que la ligne ferroviaire traverse la zone industrielle, et ce, pour des raisons liées à la sécurité industrielle. Devant un tel développement, les travaux de réalisation de la station finale, prévue à Arzew, ont été suspendus et le trajet, prévu initialement, a été raccourci. Ainsi, il a été décidé que la station finale soit réalisée dans la commune d'El Mohgoun. L'arrivée du président Bouteflika, apportera un nouvel élan à plusieurs projets, restés en souffrance, durant plusieurs années, faute de financement et entre autres, celui de la réalisation de la ligne ferroviaire Es Sénia-Arzew. Ainsi, la société chargée de la réalisation de ce projet a adopté une nouvelle conception pour sa réalisation, basée sur sa division en plusieurs tranches. En décembre 2008, le président de la République a procédé à l'inauguration de la ligne ferroviaire Es Sénia-Arzew, lors d'une visite d'inspection des projets de développement, lancés dans la wilaya. Le train Es Sénia-Arzew a bel et bien sifflé, mais seulement en présence du président de la République, car cette ligne est depuis à l'arrêt. En effet, trois jours après sa mise en marche, le train s'est arrêté et les responsables ont avancé alors que les rails de la desserte avaient été saccagés et que les boulons, fixant les rails au sol, auraient été volés par des personnes, activant dans les réseaux des déchets ferreux, a-t-on appris. Résultat: la voie aura coûté 470 milliards de centimes, mais n'est toujours pas opérationnelle.