L'arrêt de production, depuis le 27 avril dernier, de l'usine de dessalement de l'eau de mer Kahrama à Béthioua, risque de perdurer, la remise en état de la station suivant son cours. Mais il y a bien des non-dits concernant la catastrophe écologique qui en est à l'origine… Pour rappel, c'est le chef de daïra de Béthioua qui a, lors d'une réunion technique au siège de la wilaya d'Oran, tiré la sonnette d'alarme à propos de la gravité de la situation concernant la privation en alimentation d'eau potable de 50.000 habitants des localités relevant de l'administration de son autorité, Mers El Hadjadj, Aïn El Bya et Bethioua. Cette situation est due à l'arrêt de production décidé après le constat de la présence de résidus d'hydrocarbures dans l'engrenage et d'une panne de l'analyseur de pollution. Telles sont les premières vérités sur les raisons effectives de l'arrêt. Reste que lors du dernier briefing, mardi, le wali qui présidait les débats a interpellé les directions concernées, à savoir celles de l'hydraulique, des mines et de l'industrie, pour en savoir plus à propos de la reprise de la production à Kahrama, après quoi s'en est suivie une polémique entre les directeurs exécutifs des mines, de l'hydraulique et de l'environnement. Pour le directeur des mines et de l'industrie, «la reprise de la production à Kahrama reste tributaire des résultats du diagnostic sur la qualité de l'échantillonnage d'eau relevé après traitement à l'appréciation d'un laboratoire algérois, spécialisé dans l'analyse de contenus pollués et que les résultats seraient connus, dans une dizaine de jours». En réponse à quoi le directeur de l'hydraulique a formulé des précisions sur la tolérance zéro, en terme de niveau de pollution, soulignant que sa direction a déjà pris attache avec un autre laboratoire, celui de l'environnement, situé à Oran, et ce, avant la reprise de l'alimentation en eau potable des populations sevrées. Le directeur de l'hydraulique a évoqué, lui, la sollicitude de ce laboratoire de la wilaya d'Oran pour analyser l'eau ainsi que ses composants et le directeur de l'environnement a porté un éclairage sur les non dits, trop souvent tus, parce que portant en tout état de cause à l'atteinte à l'environnement dont la gravité relève du délit de crime écologique. Le directeur de l'environnement de la wilaya a finement situé la nullité des explications produites sur la suspension de la production ainsi que l'expertise des échantillonnages. «Pour l'instant, dira-t-il en s'adressant au wali, il n'existe aucun laboratoire au niveau national capable de porter un jugement scientifique sur la nature et le degré de pollution», contredisant ainsi les directeurs des mines et de l'hydraulique. «A l'heure actuelle, poursuit-il, seul le laboratoire scientifique de la police est en mesure de produire des diagnostics fiables.»
Sonatrach, aurait-elle une responsabilité?
Mais ce sont les autres révélations qui sont de taille dans ce dossier, à savoir celles renseignant sur la pollution marine aux hydrocarbures, provenant des ports pétroliers d'Arzew et de Béthioua. Ainsi, on saura que les deux stations de déballastage des cargos, implantées au niveau des ports d'Arzew et Béthioua et ayant pour objet d'effectuer le nettoyage des ballasts à l'eau chaude javellisée et à forte pression, sont à l'arrêt alors que le coût de cette prestation revient à 15.000 dollars américains. L'arrêt de ces deux stations contraint les pétroliers à effectuer, eux-mêmes, le délestage des ballasts, et ce, en jetant à la mer les résidus des hydrocarbures. Une fois le nettoyage de ces compartiments terminé, le pétrolier est alors autorisé à charger le pétrole brut. Finalement, tant que ces deux stations restent fermées, la pollution marine continuera ainsi et continueront aussi les problèmes actuels de l'usine de dessalement Kahrama dont une partie du capital social est détenu par la Sonatrach. Cette dernière détiendrait également des parties importantes au niveau des ports d'Arzew et de Béthioua. Certains ne manquent pas donc d'imputer une grande part de responsabilité dans l'arrêt de production de Kahrama à Sonatrach qui gère les deux stations de déballastage…