Le ministère de la Justice enregistre chaque année environ 40.000 divorces, dont 60% ont pour cause l'adultère et 15% demandés par des femmes. Le même département ministériel a enregistré, d'autre part, une augmentation vertigineuse des affaires présentées devant la justice et liées à la reconnaissance de la paternité suite à des mariages non enregistrés de façon réglementaire . De son côté, le ministère délégué chargé de la Famille et de la Condition féminine a annoncé que l'Algérie compte environ 11 millions de femmes célibataires. Ce nombre impressionnant a poussé les spécialistes des affaires sociales à demander la révision de certains articles du Code de la famille liés à la polygamie pour permettre aux hommes d'avoir plus d'une épouse. La polygamie est presque bannie dans notre pays alors que la religion musulmane le permet dans certains cas et dans des «conditions» bien déterminées. Cinq ans après son amendement, le Code de la famille continue de soulever des débats, notamment en ce qui concerne la question de la polygamie. Pour qu'un homme puisse avoir une deuxième épouse en Algérie, il doit, selon le nouveau Code de la famille amendé, obtenir l'autorisation de sa première (épouse) et avoir une autorisation du magistrat compétent. Ces deux exigences, de nature administrative, ont poussé beaucoup d'hommes à prendre une deuxième épouse en contractant un mariage «coutumier», c'est-à-dire sans acte réglementaire. D'autres hommes ont, quant à eux, décidé de vivre avec une autre femme dans l'« illégalité » après que leurs épouses leur ont interdit de prendre une deuxième femme. Dans ce contexte, maître Brahim Bahlouli, avocat et enseignant à la faculté de droit de Ben Aknoun (Alger), a expliqué que la restriction de la polygamie et la nécessité au mari d'obtenir l'autorisation de sa première femme avant d'épouser une deuxième figurent dans l'article de loi n° 05-02 du 27 février 2005. L'article 8 alinéa 2 stipule que le mari doit informer sa première épouse et demander une autorisation d'un juge pour avoir le droit de prendre une deuxième femme. Or l'article 8 de la loi de juillet 1984 stipule que le mari a le droit d'avoir plus d'une épouse à condition qu'il ait une justification légale. Selon notre interlocuteur, le fait d'exiger de l'homme le "feu vert" de sa première épouse pour prendre une deuxième femme, et face au refus de la première, le contraint au mariage coutumier, non reconnu administrativement. Le problème, dans ce cas, est que les enfants qui naissent de ce genre de mariage (coutumier) seront les victimes de cette union et seront confrontés à énormément de problèmes d'ordre administratif.