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Homus politicus en Algérie ou le fou, les lièvres et les dindons.
Publié dans AlgerieNetwork le 30 - 04 - 2016


Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté
Paul Eluard, Poésies et vérités, 1942
Les fous, par leur singularité décrétée ne veulent pas changer le monde, en revanche, ils refusent sereinement que la loi de la majorité « assujettie » leur imposent de changer au nom de la cohérence, de la cohésion, des « hauts » intérêts de la société et plus tard de la nation ; la nation ! Encore un subterfuge qui protège les pouvoirs en place et qui ne sert en réalité qu'une minorité (mais pas folle) prédatrice, et ouvertement ploutocrate. La raison du plus fort sera dorénavant présentée comme la volonté de la majorité, voire même comme celle du peuple!
Sous prétexte d'insertion sociale, de normalité et de valeurs communes dites également bonnes mœurs, usage ou pourquoi pas démocratie, en tout point, partout et dans tous les domaines, nous construisons un système presque carcéral mais PRATIQUE, c'est pourquoi les thèmes liés au progrès et aux logiques, parfois saines, du prendre part, s'inscrivent en réalité dans une démarche commode de « nécessités » participatives de façade, au fond très astreignantes pour ne pas dire aliénantes et dont le seul but est de raffermir le système en place tout en contrôlant, freinant et assiégeant toutes les velléités de changements racinaires qui sont avant tout les changements de mode de pensées et de référentiels carrément ; ainsi tout écart ou déviation sont systématiquement frappés de l'estampille de l'excentricité, de l'immobilisme, du luxe intellectuel, de l'irréalisme et on y a arrive, de la folie !
Le boycott par exemple qui n'est nullement une action mais une réaction et dont les effets pervers ne serait-ce que sur les frustrations des non-servis qui continuent de compter parmi les « opposants », ces râleurs qui pensent que le changement du système passe par un positionnement et une présence physique dans le sérail et ses territoires, le boycott illustre bien à quel point il est très difficile de nuancer et de distinguer entre ce qui reste malgré tout perçu comme une exclusion, assumée ou subie, de l'espace social, sociétal et politique (approuvé bien sûr) ET la détermination de sortir et de transgresser pour construire, en dehors des capitoles et des agendas des plus forts du moment, ses propres espaces d'existence, de contestation et d'ACTION ; peu importe leurs noms et leurs statuts, pour peu qu'ils se fixent comme objectif d'agir sur la vie de tous les jours, sur les injustices et difficultés du quotidien, pour donner enfin un poids et une forme aux voix qui refusent et répugnent les régimes en place.
Les pires ennemis des pouvoirs ne sont plus ceux qui les critiquent ou même les affrontent dans les arènes (les leurs de tous les points de vue) mais ce sont ceux qui, refusant la violence et le ridicule, appellent avant tout à réfléchir sur les pièges de l'apolitisme lié au dégout et/ou à la répression tout en évitant en même temps de tomber dans les farces de la pratique de la politique selon les éphémérides des maitres.
En attendant, en Algérie, on va noyer la société d'abord dans les pires rumeurs, puis les débats sur le mode électoral, sur la religion de l'Etat, sur le mandat présidentiel, le code de la famille, la nouvelle nationalité du Cheb Khaled, pourquoi pas et enfin sur l'utilité ou non d'aller à des votes dont on connait à l'avance les résultats.
Les franges qui asservissent le pays et qui empêcheront, c'est vital pour eux, la naissance d'un Etat, continueront de jouer sur les ambitions des arrivistes de service en même temps que sur les craintes des plus fragiles et des plus corvéables, sur leurs dépendances endémique du statut de citoyen modèle bien intégré et inoffensif (et donc pas marginal ni fou), sur ces piètres acquis sociaux, sur la stabilité relative surtout face aux drames Syriens et autres et évidement sur les traumatismes de plus de dix ans d'une sale guerre ; le satisfecit des sentiers battus même s'ils sont balisés par du fil barbelé reste très efficace pour lester les masses incapables d'imaginer une autre vie et un autre système de valeurs.
La peur d'être un dissident esseulé ou exilé et donc forcément fou présentera toujours le changement REEL comme le saut dans le précipice.
Ainsi, d'ici peu une horde de lièvres cannibales, sortis droit des « meilleurs » haras (ça existe et je vous rassure, vous n'êtes pas encore fous) sera chargée de nous annoncer, dans le langage des dindes et des dindons que pour cette fois-ci, il ne sert à rien de courir, encore moins de partir à point !!
Pourquoi au fond, les plus faibles ont-ils si peur de devenir aussi des fous ?
Zineb Azouz


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