En fuite depuis la victoire des rebelles fin août, le fils de Mouammar Kadhafi, Seif Al-Islam, a été arrêté dans le Sud de la Libye selon le Conseil national de transition. C'est la véritable fin de la dynastie Kadhafi. Seif Al-Islam, le fils de l'ancien Guide de la révolution libyenne, l'héritier probable du pouvoir à Tripoli s'il n'y avait pas eu la vague révolutionnaire partie de Tunisie, a été arrêté dans le Sud de la Libye. L'annonce a été faite à Tripoli par le ministre de la Justice et des Droits de l'homme du Conseil national de transition (CNT), Mohammed al-Allagui. Selon les informations de l'agence Reuters, il a été arrêté près de la ville d'Obari, une localité située au sud-ouest de l'oasis de Sebha. Agé de 39 ans, en fuite depuis la victoire des rebelles à Tripoli fin août, Seif Al-Islam était visé depuis le 27 juin par un mandat d'arrêt international de la Cour pénale internationale pour des crimes contre l'humanité. La Cour pénale internationale avait indiqué être en contact informel avec lui ces dernière semaines. Il aurait même été prêt à se rendre, craignant pour sa vie. Seif Al-Islam après sa capture, selon une image de la télévision Free Libya (capture d'écran Al-Jazeera) Seif Al-Islam a longtemps incarné le visage moderniste et réformiste de la Libye de Kadhafi, séduisant jusqu'à la très sérieuse London School of Economics qui a accepté son argent (1,7 millions d'euros) pour financer un nouveau programme de recherche sur les relations entre « les droits de l'homme, les femmes et le développement, la société civile et la démocratie, la diversification économique »... La LSE lui a d'ailleurs décerné un mastère, aujourd'hui entâché du soupçon de plagiat, après une thèse intitulée : « Le rôle de la société civile dans le processus de démocratisation des institutions de gouvernance globale : du “soft power” à la prise de décision collective ». Seif Al-Islam a semblé à certains moments en rupture avec le clan familial, annonçant d'ailleurs en 2008 qu'il « quittait la politique », renforçant certains analystes étrangers dans l'idée qu'il était réellement « réformiste ». Mais le même homme, courtisé par les affairistes de tous poils qui misaient sur la transmission dynastique du pouvoir en Libye, est apparu à la télévision libyenne aux débuts de la révolte d'une partie de la population pour promettre « des torrents de sang » aux rebelles s'ils ne se soumettaient pas. Seif Al-Islam à la télévision libyenne en février 2011, promettant des « torrents de sang » (capture d'écran Al-Jazeera) « L'or et les milliards » de la famille Kadhafi La famille Kadhafi, qui a régné sans partage pendant quatre décennies sur la Libye, a été brisée. Mouammar Kadhafi a été tué le 20 octobre tout comme son fils Mouatassim, liquidé dans des circonstances mystérieuses. Sa femme Safia, sa fille Aïcha ses deux enfants Mohamed et Hannibal ont trouvé refuge en Algérie, alors que Saad, le footballeur, s'est exilé au Niger. Selon notre partenaire DNA-Algérie, les nouvelles autorités libyennes estiment que les membres de la famille Kadhafi qui ont trouvé asile en Algérie fin août, lors de la débacle de Tripoli, serait arrivés avec une fortune colossale en or et en dollars. L'accusation, qui risque de constituer une nouvelle pomme de discorde entre le nouveau pouvoir libyen et Alger, a été lancée par Sliman Bouchuiguir, nouvel ambassadeur de Libye en Suisse. Ce dernier a déclaré au quotidien suisse Le Temps : « Ils sont partis avec beaucoup d'or et des millions, voire des milliards de dollar. » Le quotidien britannique The Daily Telegraph révélait lundi 5 septembre que les autorités algériennes avaient refusé aux Kadhafi de faire rentrer « un gros sac d'argent » avant de renvoyer leurs gardes du corps en ce lundi 29 août. Un officiel algérien anonyme était cité : « Il leu a été signifié qu' »ils auraient à voyager seuls et sans leur propre protection. Les deux [argent et protection, ndlr] ont été laissés à la frontière. » Si les autorités algériennes qui ont expliqué avoir accueilli la famille de l'ex-guide pour des « raisons humanitaires » n'ont jamais révélé le lieu de leur villégiature, des informations indiquent que les Kadhafi seraient hébergés dans la résidence d'Etat du Club des pins, sur le littoral ouest d'Alger. Trois mois après leur arrivée en Algérie, leur lieu de résidence demeure encore un secret d'Etat, précise le site DNA-Algérie. L'ambassadeur libyen affirme par ailleurs que Hannibal Kadhafi, l'un des fils du colonel qui a eu maille à partir avec la justice suisse par le passé, se trouve actuellement « dans le sud-est, en résidence surveillée et ne peut par exemple pas se déplacer jusqu'à Alger ». Pour le diplomate libyen : « L'impunité ne doit pas exister, avance l'ambassadeur Il doit répondre des torts causés à son peuple et au vôtre [suisse, ndlr], avec la prise d'otages. Mais aussi pour les conséquences financières de la crise qu'il a déclenchée entre nos deux pays. » Comprendre, souligne le site algérien, que les autorités d'Alger doivent un jour ou l'autre cesser d'accorder l'exil aux Kadhafi pour qu'ils soient jugés en Libye ou ailleurs