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Les déchets alimentaires durant le Ramadhan
En hausse ou en baisse ?
Publié dans La Nouvelle République le 19 - 03 - 2025

Depuis quelques années, en Algérie, la question du gaspillage alimentaire revient à chaque mois de Ramadhan. Le spectacle offert par les déchets alimentaires qui débordent des poubelles, est-il moins alarmant cette année? Y a-t-il moins de baguettes de pain dans les poubelles ou autour, durant ce Ramadhan ? Si c'est le cas, le gaspillage alimentaire aurait donc raté son rendez-vous avec le mois de Ramadhan.
C'est le sentiment de la directrice générale de l'Agence nationale des déchets (AND), Fatma-Zohra Barça (intervention à la Chaîne III de la Radio algérienne, le 9 mars 2025. Elle estime que « nous sommes dans une tendance de diminution de la quantité de déchets », tout en précisant qu'elle ne dispose pas encore de chiffres sur la première semaine du Ramadhan (correspondant à la 1ère semaine de mars). Le système national d'information sur la gestion des déchets est à base mensuelle.
En attendant l'évaluation de la quantité des déchets qui sera faite à la fin de ce mois, la DG de l'AND compare avec les années précédentes, à partir d'observations sur le terrain, ce qui lui permet de conclure que les quantités de déchets sont en diminution.
Idem pour le pain, il n'est pas autant gaspillé que par le passé. Elle trouve l'explication dans le sondage réalisé par son Agence, juste avant le mois de Ramadhan, qui a démontré que «les Algériens adoptent, au quotidien, de plus en plus d'éco-gestes». C'est, d'après Fatma -Zohra Barça, le résultat des campagnes de sensibilisation menées précédemment.
Pour la DG de l'AND, dire que les Algériens gaspillent beaucoup de nourriture est archifaux. C'est une idée reçue, affirme-t-elle. Elle fait remarquer que ce phénomène n'est d'ailleurs pas propre au mois de Ramadhan, mais existe durant toute l'année. Elle rappelle également que le gaspillage alimentaire se situe au niveau de la consommation en aval mais aussi aux stades de la production, du transport et du stockage. Les études réalisées par l'AND, en 2020 et 2022, pour la quantification du gaspillage alimentaire ou bien pour mesurer la quantité de déchets générés au quotidien ont contredit les anciennes estimations donnant la poubelle algérienne composée de gaspillage alimentaire à hauteur de 30 à 50%. C'est en deçà, dit-elle.
L'AND a été créée, en mai 2002, pour être le principal instrument de la politique algérienne de gestion des déchets sur la base du cadre juridique issu de l'ancienne loi de décembre 2001, relative à la gestion des déchets.
L'AND a mené des enquêtes qui ont montré une évolution en hausse des quantités des déchets ménagers et assimilés d'une année sur l'autre, pour s'en tenir à un plafond à 10 % depuis 2023. La DG de l'AND se réfère à ces enquêtes pour espérer qu'en 2025, il y aura une baisse de la quantité des déchets collectés.
Elle fait savoir, à partir des mêmes enquêtes, que dans les zones steppiques du pays, les déchets alimentaires ne sont pas jetés, mais réutilisés et valorisés, notamment comme aliments destinés aux animaux d'élevage. Au passage, elle donne des indications, tirées de ces enquêtes, concernant la consommation des ménages algériens : une famille consomme, en moyenne, près de huit kilogrammes composés de boissons (29%), les fruits et légumes (25%), le lait et ses dérivés (14%), les pâtes (7%), les pâtisseries (7%), les viandes (7%) et les légumes secs (4%). D'après Fatma-Zohra Barça, «8,65% de ces aliments sont perdus». L'appréciation optimiste de la DG de l'AND sur le gaspillage alimentaire n'est pas partagée par tous.
Le constat de Ahmed Benalia, directeur général de Net Com, entreprise qui collecte les déchets ménagers dans une partie de la ville d'Alger, est différent. Intervenant sur une Chaîne de télévision satellitaire, il estime à 6 tonnes la quantité de pains qui ont été jetés au cours de la première semaine du Ramadhan. Sur la même période, la quantité quotidienne de déchets ménagers a augmenté de 12%, selon lui.
Le ministère du Commerce intérieur et de la Régulation du marché national est d'avis qu'il ne faut pas sous estimer le gaspillage alimentaire. Il estime nécessaire de diffuser la culture de la rationalisation et de sensibiliser à l'importance d'une consommation responsable, notamment pendant le mois de Ramadhan, durant lequel la demande sur les produits alimentaires augmente significativement. Dans ce but, le ministère a lancé des campagnes de sensibilisation et des actions sur le terrain, en collaboration avec les commerçants, les producteurs, les associations professionnelles et celles de protection des consommateurs. L'objectif : mettre fin aux gaspillages indécents de produits alimentaires, surtout le pain. La perte financière qui découle du gaspillage du pain justifierait cette campagne. Mais, tout dépend du civisme de la population qui se verrait encouragée à agir dans ce sens, si la crédibilité de la démarche officielle n'était entachée d'aucune ambigüité sur le terrain.
Les engagements passés
En avril 2022, sur la base d'une étude nationale étalée sur un an, l'AND s'était
engagée à définir les opérations à réaliser pour éviter le gaspillage alimentaire, élaborer des applications permettant de localiser les lieux de gaspillage, et mettre en place, en coopération avec la société civile, des programmes de collecte des restes alimentaires. La même année, en mars, c'est le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, Tayeb
Zitouni, qui avait procédé au lancement de la campagne de lutte contre le gaspillage alimentaire, sous le thème « Mobilisons-nous tous pour lutter contre le gaspillage et rationaliser la consommation ». L'année précédente, le slogan de la campagne, lancé par le département de l'Environnement était terre à terre : «Mange et ne gaspille pas». On parlait, à ce moment, de sources officielles, de plus de 100 millions de baguettes de pain jetées dans les poubelles pendant le mois de Ramadhan et près de 900 millions de baguettes sur toute l'année, d'un coût de 320 millions de dollars.
A-t-on tiré les leçons de ces campagnes de sensibilisation, leur préparation, leur mise en œuvre, leurs objectifs ? N'y a-t-il pas un malentendu au départ, dès leur conception sur la place à donner à l'information concernant le cadre juridique qui régit l'environnement, et la gestion des déchets, par exemple, pour faire connaître ses dispositions règlementaires à caractère contraignant et inciter à les respecter ? Les animateurs des campagnes de sensibilisation ne semblent pas avoir une connaissance suffisante des lois qui concernent l'environnement.
C'est ce qui explique que des membres d'associations trouvent «normal» de faire de la sensibilisation à la protection de l'environnement sur fond de nuisances sonores provoquées par un haut-parleur posé à côté, sous leur chapiteau, qui diffuse de la musique assourdissante, insupportable par le voisinage, ce qui est interdit par la loi sur l'environnement. De la même façon, on peut trouver des entreprises qui prétendent s'inscrire dans la démarche éco-citoyenne de la RSE (Responsabilité sociétale de l'entreprise) et qui procèdent à des campagnes publicitaires pour la promotion de leurs produits à l'aide de hauts-parleurs qui créent des nuisances sonores interdites par la loi.
Comment agir avec les vendeurs de rues qui opèrent dans la sphère informelle, et ne répondent à aucune obligation, ni légale ni morale ? Ils laissent, en partant en fin de journée, leurs déchets d'emballage éparpillés dans les lieux qu'ils ont occupés illégalement. Leur commerce est visiblement toléré, mais personne ne leur impose de ramasser leurs cartons et sachets en plastic et rendre l'endroit propre comme ils l'ont trouvé le matin.
Dans le monde
La fin du Ramadhan va coïncider avec la Journée internationale zéro déchet, organisée, chaque 30 mars, conjointement par le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) et le Programme des Nations unies pour les établissements humains (ONU-Habitat).
On apprend à cette occasion que «chaque année, l'humanité produit entre 2,1 et 2,3 milliards de tonnes de déchets solides municipaux et, sans action urgente, cette production annuelle atteindra 3,8 milliards de tonnes d'ici 2050». Le PNUE rappelle que «la pollution par les déchets menace la santé humaine, coûte à l'économie mondiale des centaines de milliards de dollars chaque année et aggrave la triple crise planétaire : la crise du changement climatique, la crise de la nature, de la perte de terres et de biodiversité, et la crise de la pollution et des déchets». Mais en 2025, le thème de la Journée, «Vers le zéro déchet dans la mode et le textile», est loin du gaspillage alimentaire. L'an dernier, la Journée internationale du zéro déchet a été précédée par un rapport du PNUE qui a abordé le thème du gaspillage alimentaire en faisant remarquer que les ménages de tous les continents ont gaspillé plus d'un milliard de repas par jour en 2022, alors que 783 millions de personnes étaient touchées par la faim et qu'un tiers de l'humanité était confronté à l'insécurité alimentaire.
Selon le rapport du PNUE, en 2022, 1,05 milliard de tonnes de déchets alimentaires ont été produits (y compris les parties non comestibles), soit 132 kilogrammes par habitant et près d'un cinquième de tous les aliments disponibles pour les consommateurs. 60 % des aliments gaspillés en 2022 l'ont été au niveau des ménages. Les services de restauration sont, quant à eux, responsables de 28 % du gaspillage et le commerce de détail de 12 %.
Plus récemment, le 27 septembre 2024, la Journée internationale de sensibilisation aux pertes et gaspillages de nourriture qui en était à sa cinquième édition, a fait ressortir, à partir d'une étude de l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), que «chaque année, un tiers des denrées alimentaires produites dans le monde sont perdues ou gaspillées. Cela signifie qu'à l'échelle mondiale, environ 14 % des aliments produits sont perdus entre la récolte et la vente au détail. Des quantités importantes sont également gaspillées dans le commerce de détail et au niveau de la consommation». L'étude a permis d'établir que si un quart seulement des aliments perdus ou gaspillés étaient sauvés, on pourrait mettre un terme à la faim dans le monde.
La FAO estime que dans les pays industrialisés, le gaspillage concerne des aliments qui ont atteint le marché. Les habitudes d'achat des consommateurs aisés, qui trouvent normal de jeter et achètent plus de nourriture que leur famille ne peut en consommer, ne constituent qu'une partie du problème. Selon la FAO, le gaspillage imputable aux consommateurs en Europe et en Amérique du Nord s'élève à 10 kg par personne et par mois ; à titre de comparaison, en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud et du Sud-Est, ce chiffre n'est même pas atteint en un an.
Pour rappel, l'Objectif de développement durable (ODD) 12.3 % consiste, à l'horizon 2030, à «réduire de moitié à l'échelle mondiale le volume de déchets alimentaires par habitant au niveau de la distribution comme de la consommation et réduire les pertes de produits alimentaires tout au long des chaînes de production et d'approvisionnement, y compris les pertes après récolte».


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