Des centaines de milliers d'Egyptiens étaient rassemblés vendredi sur la place El-Tahrir au Caire, après la prière hebdomadaire, pour une journée "décisive" destinée à obtenir le départ "sans délai" du président Hosni Moubarak et exiger des réformes démocratique dans le pays au onzième jour de la puissante révolte populaire. Après la prière du vendredi, des dizaines de manifestants, venus d'autres villes convergeaient vers le centre du Caire pour participer à une manifestation géante baptisée "vendredi du départ", et initiée par le mouvement de contestation égyptien après l'échec de la "marche du million" de mardi dernier. "Nous sommes nés libres et allons vivre libres... Je vous demande de patienter jusqu'à la victoire", a lancé un imam, tandis que d'autres imams ont appelé à la retenue et au calme. Les manifestants continuaient d'affluer par centaines vers la place El-Tahrir, mais les contrôles à l'entrée y étaient très strictes, selon des journalistes sur place, Après un contrôle d'identité et une fouille par les militaires, il fallait encore franchir une demi-douzaine de rangs de jeunes manifestants. Se rendant sur la place dans la matinée pour s'enquérir de la situation, le ministre de la Défense, Mohamed Hussein Tantaoui, s'est adressé aux manifestants. "L'homme vous a dit qu'il n'allait pas se représenter", a lancé le ministre en référence à M. Moubarak, qui a promis de ne pas se présenter à la prochaine présidentielle prévue en septembre mais a refusé de se retirer du pouvoir avant la fin de son mandat actuel expirant fin août. Pour sa part, le Premier ministre, Ahmed Chafik a appelé les manifestants à mettre un terme pacifiquement à leur mouvement de contestation, estimant toutefois que leurs revendications avaient été satisfaites à 90 %. En colère et destinés à faire aboutir leurs revendications, les manifestants scandaient sans cesse des slogans demandant le départ "sans délai" de Moubarak et refusant tout dialogue avec le pouvoir entamé par le vice-président Omar Souleimane. Dans un bandeau, la télévision publique égyptienne a annoncé jeudi le début du dialogue entre l'opposition et le gouvernement mais la coalition nationale pour le Changement composée de plusieurs formations de l'opposition, a exclu de nouveau tout dialogue avec le pouvoir et a exigé le départ sans délai de Moubarak. "Notre décision est claire: pas de négociations avec le gouvernement avant le départ de Moubarak. Après cela, on est prêt à dialoguer avec Omar Souleimane", avait réaffirmé Mohammed Aboul Ghar, porte-parole de l'opposition. A ce même sujet, le guide des Frères musulmans, principale force d'opposition en Egypte, Mohammed Badie, a réaffirmé la disposition de son mouvement au dialogue mais après le départ de Moubarak. "Nous sommes pour le dialogue avec quiconque veut mener des réformes dans le pays, après le départ" du président Moubarak, au pouvoir depuis près de 30 ans, a insisté M. Badie. La place El-Tahrir était le centre de violents affrontements mercredi et jeudi entre partisans du président et manifestants anti-gouvernementaux, ayant fait au moins huit morts et plusieurs blessés, selon un bilan officiel.