Des milliers de manifestants se sont à nouveau rassemblés samedi sur la place de la perle à Manama pour poursuivre leur mouvement de contestation, alors qu'une grève générale illimitée est annoncée à partir de dimanche après une offre de dialogue des hautes autorités rejetée par l'opposition qui exige la démission du gouvernement. La place de la perle était occupée dans l'après-midi par des centaines de manifestants qui ont commencé à ériger des tentes, au sixième jour de leur mouvement de contestation pour des réformes politiques et sociales. Les manifestants ont enlevé les barbelés qui entouraient la perle, alors qu'un hélicoptère survolait le secteur, selon les médias. Le prince de Bahreïn, Salman Ben Hamed Al-Khalifa a ordonné le retrait des forces de la police des lieux de rassemblements dans le royaume et a demandé aux manifestants de quitter la place de la perle (centre de Manama) pour éviter tout affrontement. "Nous ordonnons à toutes les forces de sécurité de se retirer immédiatement des zones de rassemblement (...) comme nous demandons aux personnes rassemblées de quitter ces lieux pour éviter tout accrochage, et cela conformément à notre initiative en faveur d'un retour au calme", a dit Salman Ben Hamed Al-Khalifa, commandant en chef adjoint des forces armées. Avant de se retirer dans la journée de la capitale, les forces de sécurité bahreïnies ont dispersé jeudi par la force deux manifestations, ce qui a été suivi du retrait du principal parti d'opposition Al-Wifaq qui compte 18 sièges sur les 40 sièges du Parlement. Vendredi, le roi de Bahreïn a proposé un dialogue avec l'opposition une fois le calme revenu dans le pays, théâtre de manifestations populaires, émaillées par des affrontements qui ont fait des morts et plusieurs blessés. "Il faut que notre dialogue se passe dans un calme global", a indiqué le prince de Bahreïn, tout en assurant qu'"aucun sujet ne peut être exclu de ce dialogue". "Bahreïn connaît aujourd'hui un état de division et c'est inacceptable", a-t-il assuré. Toutefois, l'opposition bahreïnie a carrément rejeté cette offre de dialogue exigeant au préalable la démission du gouvernement. "Pour envisager le dialogue, le gouvernement doit démissionner et l'armée doit se retirer des rues" de la capitale, a déclaré à la presse, Abdel Jalil Khalil Ibrahim, chef du bloc parlementaire d'Al-Wefaq, en évoquant les tirs de l'armée vendredi soir contre des manifestants. Six personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées lors de la dispersion par les forces de la police des manifestations anti-gouvernementales à Manama, mercredi et jeudi derniers, selon des médias. De son côté, l'Union générale des syndicats de Bahreïn a appelé samedi à "une grève générale et illimitée à partir de dimanche". "En ces moments difficiles et pour préserver les vies et la sécurité des citoyens, l'union appelle à une grève générale à partir du dimanche 20 février à moins que l'armée se soit retirée des rues et que les manifestations pacifiques puissent se dérouler sans agression des forces de l'ordre", a souligné le mouvement syndical dans un communiqué. Par ailleurs, l'offre de dialogue par les hautes autorités de Bahreïn avec les parties concernées a été vivement saluée par le Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui a réitéré son ferme soutien à Bahreïn (membre du groupe régional) et refuse toute ingérence étrangère dans les affaires internes du royaume.