Le roi du Maroc, Mohammed VI a annoncé mercredi soir "une révision constitutionnelle" et la mise en place d'une "commission ad hoc" chargée de présenter les propositions de réforme de la loi fondamentale d'ici le mois de juin. Le roi du Maroc a indiqué dans un discours, le premier depuis les manifestations du 20 février, initiées par le mouvement "Jeunes du 20 février" qui réclament des changements constitutionnels profonds et à dix jours d'autres manifestations prévues pour le 20 mars que cette révision sera suivie d'un référendum dont la date n'a pas été indiquée. Cette révision de la loi fondamentale, a-t-il dit, doit avoir comme base sept fondements majeurs. Ils concernent notamment "la séparation et l'équilibre des pouvoirs", "un parlement issu d'élections au sein duquel la prééminence revient à la Chambre des représentants (chambre basse)", le renforcement du statut du Premier ministre" et "la constitutionnalisation de l'institution du Conseil de Gouvernement". Des manifestations avaient été organisées le 20 février dernier dans plusieurs villes du Maroc pour réclamer l'adoption d'une monarchie parlementaire, une nouvelle constitution, la dissolution du parlement et la démission du gouvernement. Les manifestants exigeaient également la libération des prisonniers politiques, la fin de la corruption, et la vie dans la dignité. Ces manifestations étaient suivies par des rassemblements et des sit-in dans les principales villes du Maroc les 26 et 27 du même mois ainsi que le 6 mars dernier. L'appel à ces manifestations avait reçu, au départ, l'appui de plus d'une vingtaine d'organisations marocaines militant pour les droits de l'homme, de militants de partis politiques et de syndicalistes et du prince Moulay Hicham El Alaoui, cousin du roi Mohammed VI. "J'adhère à toute initiative qui appelle à la démocratisation de notre système politique, en prenant en compte la nécessite que cela soit fait de manière pacifiste et tolérante", a déclaré Moulay Hicham. A la suite de ces manifestations, un Conseil national d'appui au Mouvement du 20 février (CNAM20) a été créé rassemblant quelque 60 organisations de la société civile et politique, des organisations syndicales et professionnelles ainsi que des militants des droits de l'homme et des personnalités indépendantes. L'appel à des changements a, par ailleurs, provoqué des scissions dans certains partis politiques siégeant au parlement marocain tels que le Parti justice et développement (PJD, islamiste) dont trois cadres ont démissionné des instances dirigeantes. De même que ces manifestations ont suscité des débats au sein de certaines formations politiques entre partisans et adversaires de réformes constitutionnelles immédiates. Un parti membre de la coalition gouvernementale l'Union socialiste des forces populaires (USFP) a appelé, ainsi, à "l'établissement d'un agenda" pour "des réformes visant l'édification de fortes et réelles institutions, en mesure de répondre aux besoins de la situation actuelle aux niveaux régional et international". Le conseil national de cette formation avait appelé sa direction à quitter le gouvernement en raison notamment de l'absence de réponse royale au mémorandum du parti relatif aux réformes constitutionnelles, adressé en 2009. Au lendemain de ces manifestations, le roi du Maroc, Mohammed VI avait déclaré le 21 février lors de l'installation d'un Conseil économique et social (CES) qu'il ne céderait pas à "la démagogie" et continuerait à aller vers la concrétisation "du modèle marocain", dont le caractère est "irréversible". La constitution marocaine avait été réformée pour la dernière fois en 1996.