Les pratiques médiatiques et communicationnelles ont été, mercredi à Oran, au centre des débats du colloque international sur "Les espaces publics au Maghreb : au carrefour du politique, du religieux, de la société civile, des médias et des NTIC", organisé par le Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) en collaboration avec le laboratoire tunisien "Dirassat". Certains communicants se sont penchés sur des approches théoriques reprenant trop souvent des généralités sur l'état des lieux du champ médiatique national en mettant en exergue ses forces et ses faiblesses, alors que d'autres intervenants se sont distingués par le choix d'une thématique originale et en développant une approche "novatrice" de la notion d'espace public. Mohamed Taïbi, de l'université d'Oran, s'est intéressé à "l'espace public musulman" montrant son évolution depuis l'avènement de l'Islam et la révélation du Saint Coran jusqu'à la période coloniale dans de nombreux pays musulmans. Il a montré, dans ce sens, les différentes phases qui ont marqué le développement de l'Islam (révélation du Coran à la Mecque, pouvoir de la tribu des Koraïchites, exil du Prophète à Médine où il a recréé des espaces publics transitoires, Conquête de la Mecque, ...). "Toutes les dynasties et les empires qui se sont succédés ont abouti à une période de défragmentation (terme emprunté à Jacques Berque), au cours de laquelle on a assisté à un retour des assabiyates et à l'émergence de puissances destructurantes des espaces publics existants, puis comme conséquence la chute de la civilisation andalouse", a-t-il expliqué. L'outil Internet et ses différentes applications et leurs impacts sur les mouvements sociaux ont été également abordé comme "nouveaux espaces publics virtuels" par Aziz Nafa du CREAD (Alger) et par Bentenbi Chaïb Draa Thani, de l'Université d'Oran. Le premier universitaire a retracé l'évolution d'Internet et montré comment le cyberespace est devenu un objet de pouvoir et un espace de toutes les libertés et aussi de toutes les dérives. Mme Bentenbi Chaïb Draa Thani s'est penchée sur le phénomène "Facebook" en tant que réseau social le plus utilisé à travers le monde. Pour elle, le succès de ce réseau réside dans le fait qu'il permet de communiquer, d'échanger, de rencontrer, de créer des liens et de s'approprier en toute liberté des espaces virtuels en l'absence de tout contrôle et de barrières. "Les facebookistes algériens, âgés entre 18 et 35 ans, représentent 73% des membres du réseau", a-t-elle précisé, en insistant sur les aspects négatifs de "Facebook" comme l'usurpation de l'identité, les contenus choquants (racisme, violence, diffamation, ...). Ce colloque de trois jours verra la présentation d'une trentaine de communications abordant divers secteurs politique, religieux, médiatique, sociétal par des universitaires des pays du Maghreb et de France. La rencontre est organisée avec le concours de la Fondation allemande Hanns Seidel et l'agence allemande de coopération "GIZ".