La compétition pour la palme de "l'Olivier d'Or" du festival du film amazigh, ouvert depuis samedi à Azeffoun (Tizi Ouzou), a été marquée par la projection, lundi soir, d'un film documentaire inédit de par sa thématique, intitulé "Paroles d'un prisonnier français de l'Armée de libération nationale (ALN)". D'une durée de 52 mn, cette oeuvre cinématographique est conçue, selon son réalisateur, Salim Aggar, sous forme d'un entretien imagé avec un soldat français, prisonnier de l'ALN, René Rouby, en 1958 dans les maquis de l'Akfadou, lieu du poste de Commandement de l'ex-wilaya III historique sous ordre alors, du colonel Amirouche. Considéré par son auteur comme étant le premier témoignage d'un soldat français fait prisonnier durant la guerre d'Algérie, ce film récemment diffusé par la Télévision nationale, raconte les circonstances de la capture et de la captivité de ce personnage avec 17 autres de ses compagnons d'armes par un groupe de moudjahidine. Dans sa narration des faits qu'il avait vécus, il y a 50 ans (au moment du tournage du film), René Rouby a déclaré qu'il "garde toujours en mémoire l'image d'Amirouche, cet homme charismatique et dur tant avec ses subordonnés qu'avec lui-même". Et d'ajouter : "Je retiens que celui-ci se distinguait par une discipline infaillible qu'il imposait d'abord à sa personne avant de l'appliquer à ses hommes, qui le respectaient beaucoup plus qu'ils ne le craignaient". Puisant dans les tréfonds de sa mémoire, le narrateur a poursuivi son récit, en citant des faits édifiants sur la fermeté et la probité caractérisant la personnalité du "Lion des djebels". "Certes, l'homme était intransigeant sur la discipline, mais quand il interdisait à ses soldats de rendre visite à leur famille, il demeurait toujours avec eux et donnait l'exemple, lui -même, en se privant de voir les siens ", a-t-il souligné. Témoignant de l'abnégation de ce chef historique de l'ALN, il a également retenu que "la sévérité apparente d'Amirouche contrastait singulièrement avec la simplicité et la modestie caractérisant ce grand chef, qui s'astreignait à faire respecter la discipline en commençant par appliquer, d'abord, à soi-même, les principes de conduite qu'il se donne". Le prisonnier René Rouby et ses compagnons furent remis en liberté, après 114 jours de captivité, par le commandant Abderrahmane Mira, successeur d'Amirouche à la tête de la wilaya III historique, en leur demandant, a-t-il dit, de "témoigner objectivement des conditions de leur détention dans les maquis de l'ALN". "Je me suis acquitté de cet engagement fait au commandant Mira, en adressant une lettre, via mon père au journal +Midi Libre+, mais le quotidien parisien avait refusé sa publication, en doutant de la véracité des faits rapportés", a-t-il assuré. "Cette suspicion m'a valu, après ma libération d'être mis sous surveillance des Renseignements généraux français qui me suspectaient de rouler pour la Fédération de France du FLN", souligne-t-il. A la fin du film, le témoin a exprimé, avec une note de nostalgie, son souhait de retourner en Algérie pour "revoir ces paysages fascinants gravés à jamais dans ma mémoire et, surtout, tenter de retrouver Mokrane, s'il est encore en vie, ou ses fils, car je ne pourrai jamais oublier cet ami protecteur que fut pour moi Mokrane", a-t-il affirmé. En revanche, René Rouby, n'a pas caché sa déception, tel qu'il en fait part dans son témoignage à l'égard des responsables français d'alors, pour avoir refusé sa libération et celle de ses compagnons en contrepartie de l'échange de prisonniers algériens tel qu'exigé par l'ALN". Concluant son témoignage, le narrateur a fait remarquer que la majorité du million sept cent mille soldats français enrôlés dans la guerre d'Algérie, l'ont été dans le cadre du service militaire. "C'est dire qu'ils ont été engagés dans cette guerre contre leur gré", a-t-il fait remarquer. Ce documentaire témoignage, réalisé dans un studio à Paris, a été entrecoupé d'extraits de films sur la guerre d'Algérie, tels que "Patrouille à l'est" d'Amar Laskri et "L'opium et le bâton" d'Ahmed Rachedi.