Regard n D'une durée de 42 minutes, ce film, produit par l'Entv, évoque l'histoire réelle d'un prisonnier français de l'ALN. C'est le premier témoignage d'un prisonnier français de l'ALN pour une télévision. Ce documentaire qui été récemment diffusé à la télévision, a été présenté, au mois de novembre, au Festival international du film d'Amiens (France), comme il a été projeté au mois d'octobre à Marseille, lors des rencontres sur les «Archives en question» organisées par Ciné-mémoire. Paroles d'un prisonnier français de l'ALN est un entretien à bâtons rompus avec René Rouby qui a été prisonnier du groupe d'Amirouche durant 114 jours en 1958 dans la région d'Akfadou. C'est le premier témoignage d'un prisonnier français durant la guerre de libération. Rouby est filmé dans son domicile en France, où il raconte les circonstances de sa capture, ses (presque) quatre mois de captivité et enfin sa remise en liberté sur ordre de Abderrahmane Mira, après le refus des Français de procéder à un échange de prisonniers. Les propos de René Rouby sont entrecoupés d'extraits de films comme L'Opium et le Bâton de Ahmed Rachedi ou Patrouille à l'Est d'Amar Laskri. A la fin du film, on voit René Rouby exprimer son souhait de retourner en Algérie pour rencontrer les enfants du moudjahid Mokrane qui l'avait protégé quand il était prisonnier dans les djebels. Interrogé sur l'accueil de ce film en France, Salim Aggar répondra : «J'ai été surpris par l'accueil positif du documentaire surtout à Marseille, dans un environnement qui était encore très chaud en raison de la polémique sur le film Hors-la-loi.» Et d'ajouter : «Dans une salle, qui était pleine à Marseille, il y avait aussi bien des Français que des Algériens qui ont très bien accueilli le documentaire. Le débat était franc et direct et on a débattu de l'histoire commune entre l'Algérie et la France. C'était très important pour moi de connaître la réaction du public pour ce documentaire qui reste la première réaction d'un prisonnier français de l'ALN, à l'écran.» S'exprimant sur la raison l'ayant motivé à réaliser un documentaire sur un prisonnier français de l'ALN, Salim Aggar dira : «Le documentaire est né d'une idée, celle de donner la parole à un prisonnier français détenu par les moudjahidine, ce qui n'a jamais été fait auparavant.» Et d'expliquer : «J'ai découvert dans mes recherches la présence d'un prisonnier qui avait écrit un livre, alors j'ai pris contact avec lui et nous avons fait l'entretien. L'idée a été présentée à l'Entv dans le cadre des documentaires sur la Révolution et le projet a été accepté. D'ailleurs, je salue le sens d'ouverture des responsables de l'Entv, qui m'ont permis de donner la parole à un prisonnier français, sachant que ce dernier a été interviewé par la Télévision française, mais son témoignage n'a jamais été diffusé. Le hasard a voulu que ce soit un réalisateur et une Télévision algérienne qui diffuse son témoignage.» Quant à l'intérêt de ce documentaire, Salim Aggar déclare : «Le devoir de mémoire est important, et parler de l'histoire est très important pour les générations à venir. Jamais le volet historique, concernant notamment le thème de la guerre d'Algérie, n'a été aussi important depuis ces dernières années. Des dizaines de documentaires et de films ont été réalisés sur cette période des deux côtés de la rive de la Méditerranée.» C'est dans un souci de vérité et d'écriture de l'histoire que le réalisateur est parti à la recherche d'un de ces témoins français d'une guerre qui n'a pas encore dit son dernier mot. Le documentaire qui est le deuxième réalisé par Salim Aggar, après ça tourne à Alger, a été réalisé en trois phases : «J'avais obtenu dans un premier temps, nous dira le réalisateur, le soutien de la Télévision nationale. La deuxième phase, c'était le tournage en France qui s'est déroulé dans de très bonnes conditions grâce à l'apport de mon directeur photo sur place, Michael Haedener, la troisième phase, c'était la phase de post-production avec la recherche des archives et surtout le montage qui a duré plus d'un mois.» En ce moment, Salim Aggar prépare un troisième documentaire portant sur le thème de la guerre d'Algérie au cinéma (et des livres sur la Télévision et le cinéma algériens). Interrogé sur le choix porté sur le documentaire plutôt que sur la fiction, Salim Aggar répondra : «C'est un choix artistique et technique à la fois.» Il a, en outre, expliqué : «Ce choix est calculé en raison de mes obligations professionnelles. Je ne peux pas travailler sur des œuvres lourdes comme le long métrage ou le feuilleton. Le documentaire offre la réflexion et l'investigation. Il suffit de trouver la bonne idée pour la développer. Je reste persuadé que le documentaire est un genre réservé aux intellectuels, aux engagés et aux journalistes de métier comme je le fus un certain temps.»