L'Algérie, qui a tracé un ambitieux programme pour le développement des énergies renouvelables (ENR), mise sur cette ressource largement disponible et inépuisable pour diversifier ses sources énergétiques avec en vue l'objectif à terme d'en exporter une partie vers l'Europe. Lors d'une journée de réflexion avec la communauté scientifique sur le programme des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique, organisée jeudi dernier à Alger, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, avait indiqué dans un message que l'Etat apportera l'appui nécessaire à la recherche dans ce domaine en créant des "passerelles" entre les centres de recherche et les industries. En outre, l'Etat balise sa démarche par la mise en place prochaine d'un Commissariat aux énergies renouvelables qui devra, selon le président Bouteflika, "guider de façon globale et cohérente, les réflexions sur les dispositifs de soutien à ces énergies "en concertation permanente avec tous les acteurs" du secteur. A travers l'exploitation des énergies solaire, éolienne et géothermique, le programme d'ENR vise à porter progressivement la production d'électricité à partir de ces énergies, d'ici 20 ans, à 40% de la production globale d'électricité. Le programme vise à installer une puissance d'origine renouvelable de près de 22.000 MW d'ici 2030 dont 12.000 MW pour couvrir la demande nationale et 10.000 MW destinés à l'exportation "si les conditions y sont favorables". Une fois réalisé, ce programme permettra d'économiser, selon le Chef de l'Etat, ''près de 600 milliards de mètre cubes de gaz sur une période de 25 années", soit l'équivalent des quantités annuelles de gaz exportées actuellement par l'Algérie. Avec une soixantaine de projets identifiés dans ce domaine, l'Algérie envisage aussi de répondre aux besoins de pays étrangers en matière d'énergie électrique, et ce en partenariat avec des acheteurs européens. L'enjeu est majeur, car l'ENR sur les vingt prochaines années, représente un investissement évalué, pour le seul volet électricité, à plus de 4.500 milliards de DA, soit plus de 62 milliards de dollars. Ainsi, l'Algérie ambitionne grâce à ce programme, de limiter la dépendance de son économie de la ressource hydrocarbure en optant pour une ressource énergétique respectueuse de l'environnement, pérenne et surtout essentielle au développement durable du pays. Il faut dire que l'Algérie est déjà classée par la Banque mondiale parmi les 14 pays à revenu intermédiaire ayant des programmes pour rééquilibrer leurs sources d'énergie en investissant dans les projets d'énergies renouvelables à grande échelle. Pour la BM, la centrale hybride (gaz, solaire) de Hassi R'mel dans la wilaya de Laghouat, d'une capacité de 150 MW et qui sera inaugurée prochainement, illustre parfaitement l'engagement de l'Algérie dans cette énergie du futur. Par ailleurs, au regard du caractère nouveau des technologies à mettre en œuvre, le président de la République a insisté, lors du dernier Conseil des ministres, pour que la période 2011 à 2013 soit pleinement consacrée à la maîtrise des connaissances et des technologies liées à ce domaine encore nouveau, y compris au niveau mondial. A ce titre, le président Bouteflika a instruit le gouvernement de veiller à promouvoir une coopération avec tous les partenaires étrangers publics et privés disposés à partager avec l'Algérie leurs connaissances et à œuvrer pour des associations fondées sur un partage équitable des bénéfices. Le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, l'a réitéré hier dimanche lors d'une rencontre sur les industries des ENR: "La mise en œuvre du programme des énergies renouvelables "n'aura de sens" que si la majeure partie des équipements et des composants est fabriquée localement et que si les technologies sont maîtrisées dans des laboratoires algériens. "C'est un immense chantier qui s'ouvre à nous et l'Etat est prêt à accompagner les efforts qui seront entrepris dans ce sens", a-t-il déclaré. Pour sa part le président de la République a insisté dimanche encore dans un message aux participants à cette journée sur la nécessite d'associer et de soutenir les initiatives des opérateurs nationaux dans la réalisation de ce programme. Pour lui, la nouvelle politique énergétique nationale "sera accompagnée du développement d'une industrie de sous-traitance locale dans les ENR, à même de créer des dizaines de milliers d'emplois à haute valeur ajoutée durant la décennie".