Les contestataires du régime yéménite sont divisés sur le plan de sortie de crise du Golfe qui prévoit notamment le départ "d'ici quelques semaines" du président Ali Abdallah Saleh, une initiative acceptée par le gouvernement et l'opposition mais rejetée par les manifestants qui insistent sur la démission immédiate du chef de l'Etat. Dans le cadre de leur médiation engagée près de trois mois après le début des manifestations réclamant le départ de M. Saleh, les dirigeants du Conseil de coopération du Golfe (CCG, six pays), ont proposé au président Saleh de démissionner 30 jours après la formation d'un gouvernement d'union nationale. Ce plan de sortie de crise a été favorablement accueilli par le Congrès populaire général (CPG, au pouvoir) et ses alliés, selon Soltane al-Barakani, secrétaire général adjoint du CPG et chef du bloc parlementaire de ce parti. Cependant, M. Saleh dont le mandat expire en 2013, avait réaffirmé vendredi qu'il acceptait ce plan, mais répété qu'il ne cèderait le pouvoir que dans le cadre d'un processus ordonné et constitutionnel. "Nous insistons sur notre attachement à la légitimité constitutionnelle, par loyauté envers notre peuple, car nous refusons catégoriquement les tentatives de coups d'Etat contre la liberté, la démocratie et le pluralisme politique", avait dit M. Saleh devant une foule de partisans. "Nous accueillons favorablement l'initiative des ministres du Conseil de coopération du Golfe avec laquelle nous allons coopérer de manière positive, dans le cadre de la Constitution", avait-il dit. L'initiative du CCG qui prévoit également la formation d'un gouvernement d'union nationale, puis un transfert des prérogatives par le chef de l'Etat au vice-président et un arrêt des manifestations a, par ailleurs, été saluée par l'opposition parlementaire qui a toutefois dit accepter ce plan à l'exception d'un point prévoyant la formation d'un cabinet d'union avec la participation de M. Saleh. "L'initiative est positive et nous l'acceptons, à l'exception de la formation d'un gouvernement d'union nationale car nous refusons de servir sous l'autorité d'Ali Abdallah Saleh et de prêter serment devant lui", a déclaré samedi à la presse, le porte-parole de l'opposition, Mohammad Qahtane. Selon le porte-parole, l'opposition est prête à former un cabinet d'union nationale avec le vice-président auquel M. Saleh aurait transféré ses prérogatives. En revanche, les manifestants qui campent place de l'Université à Sanaa depuis la-mi février, ont réitéré dimanche leur rejet du plan de sortie de crise des pays du Golfe et insisté sur le départ "immédiat" de Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans. "Il y a un consensus sur le rejet de cette initiative", a déclaré à la presse un des chefs des manifestants Abdel Malik Al-Youssoufi, ajoutant que les protestataires qui insistent sur un départ immédiat du président Saleh, ont manifesté tard dans la nuit de samedi place de l'Université pour signifier leur rejet du plan du CCG. "L'initiative du Golfe traite le problème comme s'il s'agit d'une crise entre deux partis politiques alors que nous sommes descendus dans la rue pour demander un changement global", a encore dit M. Youssoufi. Pour sa part, Ahmed al-Wafi, un autre leader de la contestation à Taëz, deuxième ville du pays, dans le sud-ouest, et l'un des principaux foyers des manifestations, a réaffirmé que "les jeunes n'accepteront qu'un départ immédiat de Saleh et ne sont concernés par aucune négociation". A l'étranger, la Maison Blanche a salué samedi le plan de sortie de crise du CCG pressant toutes les parties de mettre en œuvre "rapidement" la transition politique. "Nous applaudissons les annonces par le gouvernement yéménite et l'opposition qu'ils acceptent l'initiative du Conseil de coopération du Golfe pour sortir de la crise politique pacifiquement et de manière ordonnée", a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche Jay Carney dans un communiqué.