Huit protestataires hostiles au président yéménite Ali Abdallah Saleh ont été blessés hier par des tirs de partisans du régime à Taëz, à 200 km au sud de Sanaa, ont rapporté des témoins. Des partisans armés du régime ont tiré sur les protestataires qui défilaient dans une rue de l'ouest de Taëz, la deuxième grande ville du Yémen, et en ont blessé huit, ont précisé les témoins. Des heurts ont également eu lieu sur la principale avenue de Taëz lorsque des protestataires sont intervenus pour empêcher des partisans de M. Saleh de se rassembler pour la prière du vendredi, une journée de mobilisation dans les deux camps à Sanaa, Taëz et dans le reste du pays. La veille, près de 10 000 soldats et officiers de la garde républicaine, de la sécurité centrale et de l'armée de l'air yéménites ont fait défection pour rallier les manifestants et demander la démission immédiate du président Ali Abdallah Saleh, a rapporté à Xinhua un responsable de l'armée. «Ils ont déclaré devant le commandant Al Ahmar leur défection des forces du gouvernement Saleh et leur ralliement aux manifestants conduits par la jeunesse, promettant de soutenir et de protéger la révolution pacifique de ces jeunes», a dit le responsable. Plus tôt, un autre responsable de l'armée a déclaré à Xinhua qu'un soldat et un officier de l'armée de M. Al Ahmar avaient été tués dans une attaque de forces de sécurité pro-Saleh à Sanaa. Les troupes ont aussi abattu quatre de ces agresseurs, a-t-il dit. L'agence de presse étatique Saba, citant un responsable du ministère de la Défense, a déclaré que la 1re division blindée avait commencé à attaquer les forces de sécurité pro-gouvernementales, accusant ces forces défectionnaires de soulèvement et de sédition organisée. Al Ahmar a exprimé son soutien au plan du Conseil de coopération du Golfe (CCG) proposant que M. Saleh cède le pouvoir à son adjoint en échange d'une immunité contre les poursuites. Par ailleurs, d'influents dignitaires religieux et chefs tribaux yéménites ont appelé au départ «immédiat» du président contesté Ali Abdallah Saleh, réclamé depuis fin janvier par de jeunes protestataires, dans un communiqué publié hier. «Le président de la République doit répondre aux revendications de la révolte pacifique des jeunes, et en premier lieu son départ immédiat et celui de tous ses proches des organes militaires et de sécurité» qu'ils dirigent, précise le communiqué publié au terme d'une réunion jeudi à Sanaa. La rencontre a réuni autour du chef de la puissante tribu des Hached, à laquelle appartient la famille du président Saleh, les dignitaires des principales tribus et la plupart des membres du Conseil des oulémas, très influents dans ce pays pauvre et à structure tribale. Les participants ont averti que si le président ne se démettait pas «rapidement», ils «prendraient la tête des manifestations et des sit-in dans l'ensemble des provinces» du pays, selon le texte. Ils ont en outre annoncé «rejeter toute initiative ne prévoyant pas (...) au préalable le départ du président» Saleh, dans une référence implicite à une initiative des voisins arabes du Yémen. Les six monarchies arabes du Golfe ont présenté un plan de sortie de crise prévoyant que le président transfère ses prérogatives à son vice-président, et préconisant la formation d'un gouvernement d'union nationale dirigé par l'opposition qui serait chargé d'élaborer une Constitution et d'organiser des élections. Pour sa part, l'opposition yéménite exige que le président Ali Abdallah Saleh quitte le pouvoir d'ici deux semaines, refusant ainsi de se rendre à la réunion prévue à Riyad pour négocier un transfert du pouvoir.