L'Otan poursuit ses frappes militaires en Libye, tuant un des fils du colonel Maammar el-Gueddafi dans un bombardement samedi soir à Tripoli, une attaque dénoncée par le régime comme une "tentative d'assassinat" du dirigeant libyen qui a appelé à un cessez-le-feu. Le porte-parole du gouvernement, Moussa Ibrahim, a affirmé que la maison de Saif al-Arab, 29 ans, le plus jeune des six fils du colonel el-Gueddafi, a été "attaquée avec de puissants moyens" qui ont tué le jeune homme ainsi que trois petits-enfants du dirigeant libyen. Le colonel el-Gueddafi et sa femme qui "étaient dans la maison avec des amis et des proches", n'ont pas été atteints, a ajouté le porte-parole dénonçant "une opération visant à assassiner directement le dirigeant de ce pays" alors que l'Otan, qui a confirmé avoir mené des frappes à Tripoli, a assuré ne pas viser des individus. "L'Otan a poursuivi ses frappes de précision contre les installations militaires du régime libyen à Tripoli cette nuit (samedi), y compris des frappes sur un bâtiment de commandement et de contrôle connu dans le secteur de Bab al-Aziziya", a indiqué l'Alliance atlantique dans un communiqué. "Je suis au courant d'informations non confirmées des médias selon lesquelles certains membres de la famille el-Gueddafi pourraient avoir été tués", a déclaré le général Charles Bouchard, commandant en chef de l'opération "Protecteur unifié", dans ce communiqué. Ainsi, le doute grandissait dimanche à propos de l'objectif des opérations militaires lancées le 19 mars dernier en Libye, censées "protéger les civils libyens". Dans ce contexte, la Russie, qui s'était abstenue le 17 mars lors du vote de la résolution 1973 qui a permis une intervention étrangère en Libye, a dénoncé dimanche l'usage "disproportionné" de la force en Libye par les forces de la coalition doutant que les frappes de l'Otan n'aient pas pour cible le dirigeant libyen. "Les déclarations des membres de la coalition selon lesquelles les frappes contre la Libye n'ont pas pour objectif la liquidation de M. el-Gueddafi et les membres de sa famille suscitent de forts soupçons", a déclaré le ministère des Affaires étrangères russe dans un communiqué. Pour Moscou, "l'usage disproportionné de la force va au-delà de la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU qui ne prévoit en aucune manière le changement du pouvoir en Libye et entraîne des conséquences néfastes et la mort d'innocents", selon le texte. Les frappes de l'Otan interviennent au lendemain de l'appel du colonel El-Gueddafi à un cessez-le-feu et à des négociations avec l'Otan, pour sortir de la crise en Libye née d'un mouvement de contestation du régime en place lancé en février dernier. Dans son allocution samedi lors d'une cérémonie marquant le centenaire d'une bataille contre les forces de l'occupation italiennes en Libye, le dirigeant libyen, au pouvoir depuis 42 ans, a déclaré samedi que "l'Otan doit abandonner tout espoir d'un départ de El-Gueddafi". "Nous sommes prêts à négocier avec la France et les Etats-Unis mais sans condition", a encore dit le dirigeant libyen avant d'ajouter: "Nous pouvons régler nos problèmes entre Libyens sans nous battre, retirez vos flottes et vos avions". L'appel du colonel el-Gueddafi a été immédiatement rejeté par l'Otan ainsi que par les rebelles libyens, engagés depuis des semaines dans de violents combats avec les forces loyales au régime, notamment dans l'est du pays, fief des insurgés. Ce rejet a été exprimé par Abdel Hafiz Ghoga, porte-parole du Conseil national de transition (CNT, rebelles) malgré l'offre annoncée vendredi par les autorités libyennes d'une amnistie aux insurgés qui contrôlent depuis deux mois la ville côtière de Misrata, à l'est de Tripoli, s'ils arrêtent les combats. Lors d'une conférence de presse à Tripoli, Moussa Ibrahim, le porte-parole gouvernemental, a fait état d'un communiqué du ministère de la Justice qui s'adresse aux habitants de la troisième ville du pays et "appelle tous les groupes armés à Misrata à déposer les armes en échange d'une amnistie". Il a précisé que l'offre tient jusqu'à mardi 3 mai, et que le gouvernement libyen promet aux rebelles qu'ils pourront quitter la ville s'ils se rendent. Samedi soir, des frappes de l'Otan ont également touché Misrata, ville rebelle assiégée depuis deux mois et où la matinée a été "relativement calme" après plusieurs jours de violents combats autour de l'aéroport.