ORAN - Les portes historiques de la ville d'Oran, connues sous les appellations de "Porte d'Espagne", "Porte de Canastel" et "Porte de Santon", ont besoin plus que jamais de travaux de réhabilitation à la dimension leur appartenance au patrimoine national classé. Ces portes méritent, selon les historiens, une attention particulière, eu égard à ce qu'elles représentent comme modèles de fortifications à l'époque de la colonisation espagnole d'Oran, cités dans plusieurs sources historiques de Ibn Haoukal, El Bikri et El Idrissi. Compte tenu de l'importance historique de ces vestiges, l'Office national de gestion et d'exploitation des biens culturels protégés, veille à leur protection, en prenant en charge tant bien que mal les opérations de leur réhabilitation, lancées en 2006, à commencer par la "Porte d'Espagne" qui porte également le nom de "Porte de Tlemcen", classée en 1906. Après l'opération de relogement de sept familles qui squattaient les lieux à proximité de cette porte, l'équipe pluridisciplinaire relevant de l'Office a procédé à l'enlèvement de 300 tonnes d'ordures qui ensevelissaient ce monument historique et transformant le site en dépotoir. Cette porte, qui était l'entrée principale de l'ancienne forteresse ou la "Casbah d'Oran", se distingue jusqu'à ce jour par une belle architecture, comportant des symboles de noblesse, renvoyant aux différentes provinces espagnoles et un écusson de deux lions sculptés. La "Porte de Canastel", connue aussi du nom de "Porte de la mer", a fait l'objet de la même opération de nettoyage, après le relogement de sept autres familles et l'enlèvement des herbes qui l'entourait et la couche de ciment qui recouvrait les pierres taillées utilisées dans la construction de ce monument historique, marqué par des gravures d'écritures datant de 1747, date de sa restauration par les Espagnols durant l'occupation de la ville d'Oran. La construction de cette porte historique, classé monument national en 1952, remonte à l'époque des Mérinides. Les Espagnols avaient procédé en 1734 au confortement de cette porte, située au bas d'une tour de forme carrée où était placé un canon. Ce site a subi des dégâts lorsque le colonisateur français avait construit au dessus un immeuble, détériorant ses repères. Selon des archéologues, cette porte était précédée d'un grand pont menant jusqu'au passage "Canastel", qui porte actuellement le nom de la rue Benamara Boutkhil (ex-rue de Philippe). Ils ont fait part également de l'existence, en ce lieu, d'une importante source d'eau, qui a été ensevelie en 1848 pour les besoins de la réalisation de la rue Khedim Mustapha (ex-rue Stalingrad). La "Porte de Santon", communément appelée par les Oranais "Bab El Marsa", située au quartier "Bab El Hamra", limitrophe au vieux site de "Scaléra" (la Calère), a fait l'objet de travaux de restauration similaire, après le relogement de dix familles qui habitaient à proximité. Cette porte a été classée monument national en 1953. Ce site, composé par ailleurs de tours, faisait office d'entrée d'une forteresse de défense de la ville d'Oran. Il était transformé, durant les dernières années, en parking de voitures. Dans la perspective de protéger ces portes qui ont fait l'objet de revalorisation par des équipes de scouts musulmans algériens (SMA) et l'institut Cervantès d'Oran, une équipe spécialisée de l'Office national de gestion et d'exploitation des biens culturels protégés, veille à leur entretien et à leur nettoyage. Les portes d'Oran... une destination privilégiée pour les touristes et les chercheurs Depuis ces opérations de lifting et de réhabilitation ces trois portes sont devenues une destination privilégiée de nombreux touristes locaux et étrangers, qui fréquentent et visitent ces lieux, pour apprécier leur beauté et revisiter leur histoire à travers les âges. Ces vestiges historiques, situés tous au vieux quartier populaire de Sidi El Houari, à un jet de pierre du centre-ville, suscitent également l'intérêt des responsables de l'organisation de circuits touristiques à travers la ville d'Oran, en les intégrant dans leurs visites guidées notamment, la "Porte d'Espagne", devenue une destination prisée autant par les touristes que par les chercheurs. Il en est de même pour l'Office national de gestion et d'exploitation des biens culturels protégés qui organise des visites touristiques guidées au profit des étudiants d'architecture et des élèves, alors que les associations versées dans le patrimoine organisent des conférences abordant les aspects historiques de ces portes, par où doit passer tout visiteur désirant connaître l'histoire de la ville. D'autre part, ces opérations de réhabilitation, qui ont tiré de l'oubli dans lequel étaient confinés ces monuments depuis de longues années, ont eu un écho favorable auprès de nombreux habitants, du vieux quartier "Sidi El Houari", notamment.