PARIS - Des experts travaillant notamment pour le Centre international de recherche et d'études sur le terrorisme et d'aide aux victimes du terrorisme (CIRET-AVT) et du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R) ont affirmé vendredi à Paris que les assertions sur l'envoi supposé par l'Algérie de mercenaires en Libye pour soutenir le régime d'El Gueddafi étaient "infondées". Fin avril, le chef des insurgés en Libye, représentés par le Conseil national de transition (CNT), avait, lors d'une visite au Koweit, accusé l'Algérie de soutenir le régime d'El Gueddafi, de lui fournir du matériel et de favoriser l'entrée en Libye de mercenaires. "Cela a été totalement nié par le Dr Salah ed-Din el-Bachiri, membre du comité des Affaires étrangères du CNT et ancien ambassadeur en Malaisie, qui a affirmé qu'il n'y a pas eu de déclaration officielle du CNT concernant les +mercenaires algériens+", ont répondu, lors d'une conférence de presse conjointe, ces experts à qui ces propos ont été tenus lors de deux missions successives qu'ils ont effectuées récemment en Libye. Selon Saida Benhabyles, membre fondateur du Ciret ayant fait partie des missions d'évaluation en Libye, initiées en Tripolitaine (31 mars-6 avril) puis à Benghazi et en Cyrénaique (19 au 25 avril), l'Algérie a été "tellement diabolisée que les rumeurs les plus folles courraient sur non seulement l'envoi supposé de mercenaires pour soutenir le régime d'El Gueddafi, mais aussi sur le largage par des avions algériens de munitions et de vivres au profit des insurgés". L'ancienne ministre algérienne de la Solidarité s'est demandée "qui aurait intérêt à acculer l'Algérie de la sorte et à quelle fin", affirmant qu'en visitant des centres de détention à Benghazi, le "seul" Algérien avec qui elle s'était entretenue "vivait en Libye depuis trois ans et était vendeur dans un souk". "Il s'est refusé à toute assistance matérielle ou juridique (constitution d'un avocat) de l'Algérie", a-t-elle dit, précisant que la réponse laconique du détenu "je suis +tamam+ (très bien)" suffisait pour l'en dissuader. Invitée par une journaliste à "éclaircir" la position de l'Algérie vis-à-vis du conflit en Libye, Mme Benhabyles, tout en signalant qu'elle ne représente pas le gouvernement de son pays, a rappelé que ce dernier fait toujours sien le principe de non-ingérence dans les affaires intérieurs des pays. "Le conflit dans cette région est un problème libyo-libyen et l'Algérie ne soutient ni le leader de la Révolution Maaamar El Gueddafi, ni les insurgés", a-t-elle dit. Enchainant sur le chapitre des mercenaires, le président du Ciret, le préfet Yves Bonnet, a signalé que ce qui est, en revanche, avéré -et la mission l'a constaté par elle-même- c'est que les Touaregs du Niger sont venus en Mai à Tripoli "apporter leur soutien à El Gueddafi. Leur démarche relève d'une dette d'honneur (de sang) et elle est spontanée", a-t-il témoigné, précisant que la Mission a pu rencontrer certains de leurs chefs à Tripoli. La délégation des experts internationaux comptait également Eric Denecé (France), directeur du CF2R, d'André Le Meignem (France), vice-président du CIRET-AVT, de Drik Borgers (Belgique), expert indépendant et de Roumiana Ougartchinska (Bulgarie), essayiste, journaliste d'investigation.