La situation d'instabilité totale que vit la Libye, depuis que le soulèvement populaire du mois de février dernier a pris forme, a été analysée par des experts internationaux, lesquels ont abouti à la conclusion que ce pays risque de tomber entre les mains d'islamistes ou d'éclater en plusieurs petits Etats. Selon le contenu du rapport, dont Liberté détient une copie, la Libye vit des moments très difficiles, qui peuvent empirer si la situation actuelle perdure. Il est notamment mis en relief l'effet négatif que peuvent engendrer les frappes des forces de l'OTAN, censées “protéger les populations civiles menacées par les forces de Kadhafi”. Même s'ils estiment que les dommages collatéraux de ces bombardements sont “faibles”, les experts reconnaissent toutefois qu'ils ont eu “des conséquences dramatiques pour les populations civiles”. Dans ce cadre, les auteurs du document intitulé : “Libye : un avenir incertain”, affirment qu'“après plusieurs semaines de bombardement, les frappes de l'OTAN ont rapidement montré leurs limites”, car “les forces du régime ont su s'adapter pour réduire l'effet des actions aériennes”. Les experts internationaux soulignent que “les manœuvres actuelles (de l'OTAN) risquent fort de déstabiliser toute l'Afrique du Nord, le Sahel, le Proche-Orient, et de favoriser l'émergence d'un nouveau foyer d'Islam radical, voire de terrorisme”. Pour information, ils ont séjourné en Tripolitaine du 31 mars au 6 avril, à Benghazi et en Cyrénaïque du 19 au 25 avril, et au Centre international de recherche et d'études sur le terrorisme et d'aide aux victimes du terrorisme (Ciret-AVT), et au Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R). Ils ont conclu que “l'intervention occidentale est en train de créer plus de problèmes qu'elle n'en résout”. L'ancienne ministre algérienne de la Solidarité, Saïda Benhabylès, a fustigé les “dépassements” par les forces de l'OTAN des “limites” des résolutions onusiennes. Selon elle, “la population à Tripoli se demande pourquoi l'on intervient, à l'est du pays, pour sauver des civils, alors qu'elle est elle-même bombardée”, tout en regrettant que les forces coalisées s'attellent à réaliser un objectif qui n'était pas prévu initialement : attenter à l'intégrité physique du leader libyen et à celle de sa famille. Au sujet des accusations portées contre l'Algérie de soutenir le régime de Kadhafi, de lui fournir du matériel et de favoriser l'entrée en Libye de mercenaires, elles ont été totalement niées par le Dr Salah Ed Din El-Bachiri, membre du comité des Affaires étrangères du CNT et ancien ambassadeur en Malaisie, qui a affirmé qu'il n'y a pas eu de déclaration officielle du CNT concernant les “mercenaires algériens”. Sur ce plan, Saïda Benhabylès s'est demandée “qui aurait intérêt à acculer l'Algérie de la sorte et à quelle fin ?” affirmant qu'en visitant des centres de détention à Benghazi, le “seul” Algérien avec qui elle s'était entretenue “vivait en Libye depuis trois ans et était vendeur dans un souk”.