ALGER - L'ONU a fait état mercredi de "divisions profondes" entre les deux parties libyennes en conflit qui sont "loin d'un accord sur une solution politique" pour mettre fin aux violences dans le pays, où l'Otan, après quatre mois de campagne militaire, se trouve dans l'"impasse", selon Washington. Dans le cadre des efforts diplomatiques pour résoudre la crise libyenne, l'envoyé spécial de l'ONU pour la Libye, Adbellah El-Khatib a rencontré mardi soir le Premier ministre libyen Baghdadi Al-Mahmoudi dans la capitale Tripoli, au lendemain d'entretiens à Benghazi (est) avec les représentants du Conseil national de transition (CNT, représentant la rébellion). Ces rencontres n'ont rien apporté de nouveau, d'après le responsable onusien. Pis, elles ont mis au jour les différends qui les opposent. "Sur la base des discussions à Tripoli et Benghazi, il apparaît clairement que les deux camps restent loin d'un accord sur une solution politique", a déploré M. El-Khatib. Malgré ces divergences de taille, l'envoyé spécial a toutefois rassuré que les deux parties lui avaient réaffirmé "leur souhait de continuer à coopérer avec l'ONU pour la recherche d'une solution", selon un communiqué de l'ONU. El Khatib a de nouveau exhorté au cours de sa visite "le régime libyen à s'engager dans un processus politique menant à une solution politique répondant aux attentes et aspirations légitimes du peuple libyen", a précisé le texte. Pour sa part, le Premier ministre libyen a répété que son gouvernement était prêt a un cessez-le-feu et à un dialogue sur l'avenir politique du pays, mais à condition que l'Otan cesse ses bombardements. Al-Mahmoudi a notamment précisé que "le départ du pouvoir du colonel Mâammar El Gueddafi n'est pas un sujet de discussion", en réaction aux propos du ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, qui avait laissé entendre lundi que le dirigeant libyen pourrait rester en Libye s'il abandonnait le pouvoir. Mais Londres à annoncé mercredi avoir décidé d'expulser les derniers diplomates libyens en fonction sur son territoire et de reconnaître le CNT comme seul "gouvernement légitime" en Libye. Le conflit en Libye a été également au centre de discussions la veille à Tunis entre le ministre tunisien des Affaires étrangères, M. Mohamed Mouldi Kefi et son homologue libyen, M. Abdelati Obeidi. Alors que la diplomatie tente laborieusement de trouver sa voie, les forces de l'Otan continuaient leurs opérations militaires sur fond de critiques après la mort de plusieurs civils, dénoncée vigoureusement par le gouvernement libyen. Un Libyen, Khaled Hemidi, a décidé de saisir la justice belge en déposant une plainte contre l'Otan qu'il accuse d'avoir tué son épouse et ses trois enfants lors d'un bombardement qui aurait visé son père, un proche conseiller du colonel Maammar El Gueddafi, a fait savoir mercredi son avocat Me Ghislain Dubois. Me Dubois est chargé de défendre les intérêts de Khaled Hemidi conjointement avec un collègue français, Me Marcel Ceccaldi, qui a intenté au nom du gouvernement libyen une autre action contre l'Otan pour "crimes de guerre", début juillet auprès de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye. Le bombardement le 20 juin à Sorman (70 km à l'ouest de Tripoli) d'un site présenté par l'Otan comme un centre de commandement et de contrôle militaire avait fait, selon les autorités libyennes, une quinzaine de victimes. Le vicaire apostolique de Tripoli, Giovanni Innocenzo Martinelli, a dénoncé mardi les bombardements d'objectifs civils tels que les dépôts alimentaires menés par l'Otan. Il a fait aussi état de "la pression psychologique à laquelle est soumise la population du fait des survols continus des avions de l'OTAN, spécialement la nuit". L'Otan se défend de viser des civils. Plus de quatre mois après leur déclenchement, les opérations miliraires de l'Alliance soulèvent des interrogations quant à leur effciacité à réduire la résistance des forces loyales au colonel El Gueddafi. Pour les Etats-Unis, qui ne participent pas aux raids aériens en Libye, l'Otan se trouve actuellement dans l'"impasse". ''Il reste encore beaucoup de défis face aux forces du régime d'El Gueddafi qui se sont ajustés, et ce n'est pas une surprise, à la tactique de l'opposition, et nous sommes généralement dans une impasse'', a admis le chef d'état-major interarmées américain, l'amiral Michael Mullen. L'amiral Mullen a estimé cependant que les frappes des forces de l'Alliance ont tout de même affaibli les forces du dirigeant libyen et continuent à exercer une pression supplémentaire.