ALGER - L'ONU et plusieurs pays continuent de plaider pour une "solution politique" à la crise qui secoue la Libye depuis près de six mois, alors que Tripoli a laissé entendre mardi que d'éventuelles négociations avec les rebelles pourraient se tenir sans la participation du colonel Maamar el-Gueddafi. A l'issue de consultations avec le Conseil de sécurité de l'ONU lundi, l'envoyé spécial de l'ONU pour la Libye, Aballah Al-Khatib, a appelé les parties au conflit à entamer des "négociations directes" tout en demandant à la communauté internationale à "rester unie pour soutenir la paix". "J'exhorte les parties à se concentrer sur la recherche d'une solution politique. Nous souhaitons voir les discussions indirectes évoluer vers des négociations directes", a déclaré Al Khatib à la presse avant d'ajouter :"Il devrait être clair qu'une fin durable du conflit nécessite une solution politique et que cette solution doit correspondre aux aspirations légitimes du peuple libyen à un avenir démocratique et pacifique". Selon l'envoyé spécial de l'ONU, l'un des points principaux à négocier est un accord sur les mécanismes institutionnels afin de gérer la période de transition. Un tel accord devrait être, selon l'émissaire onusien, ouvert à tous et impliquer des représentants de tous les partis et groupes politiques aussi bien que toutes les factions et tribus. Ces questions seront examinées lors de la visite d'Al-Khatib samedi à Tripoli. De leur côté, l'Algérie et l'Italie se sont dits favorables à une "solution politique" à la crise libyenne. "La solution politique qui est véhiculée par la proposition faite par l'Union africaine (UA) a retenu toute notre attention", a déclaré le ministre des Affaires étrangères Mourad Medelci lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue italien Franco Frattini, à l'issue d'une séance de travail entre les délégations des deux pays. "J'ai eu l'occasion d'expliquer à Frattini que cette proposition africaine bénéficie d'éclairage extrêmement important que l'Union européenne, la Ligue arabe et les Nations unies ont pu donner", a poursuivi Medelci. A la question de savoir si l'Algérie était pour ou contre la participation du colonel el-Gueddafi au dialogue inter-libyen, Medelci a réaffirmé l'adhésion de l'Algérie à la démarche de Malabo (17e sommet de l'UA) qui, a-t-il rappelé, "fait mention très clairement de l'engagement du colonel el-Gueddafi à ne pas faire partie du dialogue inclusif libyen". Au sujet des négociations inter-libyennes, le Premier ministre libyen, Baghdadi al-Mahmoudi, a laissé entendre, lors d'une interview accordée mardi au journal parisien Le Figaro, que d'éventuelles négociations entre le pouvoir et les rebelles, avec l'implication des pays de l'Otan, pourraient se tenir sans que le dirigeant libyen y participe. Pour sa part, Frattini a indiqué que "la solution politique est la seule alternative urgente pour le règlement de la crise libyenne", ajoutant que l'Algérie aussi bien que l'Italie avaient un "intérêt direct" dans le retour de la paix et de la stabilité politique en Libye en tant que pays "voisins immédiats" donc "les plus proches" de la Libye. Le ministre italien a annoncé, en outre, que la feuille de route proposée par l'UA pour le règlement pacifique de la crise libyenne serait discutée vendredi à Istanbul (Turquie) lors de la prochaine réunion du groupe de contact sur la Libye, créé à Londres le 29 mars. "Je crois qu'à Istanbul on pourra avancer sur cette perspective de solution politique à cette crise", a estimé Frattini, arrivé mardi matin à Alger pour une visite de travail d'une journée dans le cadre de la poursuite de la concertation politique prévue par le Traité d'amitié, de bon voisinage et de coopération qui lie les deux pays. La prochaine réunion du groupe de contact qui comprend tous les pays participant à l'intervention militaire étrangère lancée en mars en Libye, verra la participation notamment de la Chine et de la Russie sur invitation d'Ankara en tant que membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, selon une source officielle turque. La Russie s'est abstenue lors du vote par le Conseil de sécurité de l'ONU de la résolution 1973 autorisant une intervention militaire en Libye. La Chine a, quant à elle, réitéré le principe de non-ingérence dans le conflit.