PARIS - Un nouvel ouvrage "Le 17 octobre 1961 par les textes" sur les massacres des Algériens à Paris pose l'exigence que ce crime d'Etat soit enfin reconnu comme tel par la France officielle et condamné. "Cet ouvrage pose l'exigence d'aujourd'hui : il est plus que temps, un demi-siècle après ces faits, que ce crime d'état soit enfin reconnu comme tel et condamné". "C'est tout le sens des manifestations qui se préparent, surtout en région parisienne, pour commémorer ce 50e anniversaire", a indiqué à l'APS l'historien Henri Pouillot, à l'occasion de la parution samedi de ce livre à la fête de l'Humanité. Préfacé par Gilles Manceron, historien et vice-président de la Ligue des droits de l'homme, et post-facé par Henri Pouillot, également président du Collectif "Sortir du Colonialisme", "Le 17 octobre 1961 par les textes" retrace les conditions historiques de ces massacres, et cite de nombreux textes et déclaration de personnalités de l'époque. Pour M. Pouillot, la coincidence du 50e anniversaire de la fin de la guerre de libération nationale avec la campagne électorale pour la présidentielle 2012 en France sera au "centre de nombreux débats pour tenter de condamner le colonialisme, reconnaître et condamner les crimes contre l'humanité commis pendant cette guerre : tortures, viols, exécutions sommaires, villages rasés au napalm". L'historien Gilles Manceron estime important, lui aussi, qu'une telle reconnaissance des crimes coloniaux de la France intervienne, cinquante après les terribles évènements qui ont fait des centaines de victimes, jetés, pour la pus part, dans les eaux glaciales de la Seine un certain 17 octobre 1961. Dans sa préface, il affirme que le couvre-feu discriminatoire, décidé le 5octobre à l'encontre des Algériens, est "emblématique de l'hypocrisie et du double langage qui ont caractérisé toute la période coloniale". "Car Maurice Papon a informé ce 5 octobre tous les personnels de la police d'un "couvre-feu pour les Français musulmans d'Algérie", mais le communiqué qu'il a rendu public le lendemain, approuvé par le ministre de l'Intérieur Roger Frey, n'a pas repris le terme de couvre-feu", écrit-il, ajoutant que "pour éviter de formuler une interdiction s'adressant à une partie de la population sur un critère ethnique, qui était en contradiction avec les principes fondamentaux de la constitution républicaine, il a déguisé l'interdiction de circuler sous la forme d'un simple conseil". L'ouvrage "Le 17 octobre 1961 par les textes" a été édité avec la coordination de "Sortir du Colonialisme", une association qui organise chaque année la Semaine anticoloniale consistant en un ensemble d'actions et de manifestations pour contester la "réhabilitation rampante" de l'idéologie coloniale, concrétisée par la loi du 23 février 2005 qui souligne "le rôle positif" de la colonisation.