«Vérité et justice», ont exigé les participants au rassemblement organisé vendredi dernier à Paris, à l'occasion du 47ème anniversaire des massacres du 17 octobre 1961, sur les sanglants événements au cours desquels des centaines d'Algériens ont été tués. C'est sur le pont Saint-Michel, ce lieu même où des dizaines d'Algériens, venus manifester pacifiquement contre le couvre-feu imposé par le préfet de police de Paris Maurice Papon, ont été jetés à la Seine, que se sont donné rendez-vous les militants de nombreuses associations pour exiger la reconnaissance officielle des crimes commis par l'Etat français les 17 et 18 octobre 1961, a rapporté l'APS. Selon ces derniers, il est impératif que le voile soit levé sur ce crime d'Etat. M. Mouloud Aouinit, président du Mouvement contre le racisme et l'amitié entre les peuples (MRAP), a déclaré que «cette quête de vérité et de justice relève tout à la fois d'une mesure de justice, de dignité et de respect pour les victimes et leurs familles». Pour lui, il s'agit là d'«un défi contre la négation de ce massacre d'Etat… L'amnésie et le refoulement de ces massacres favorisent l'amertume, les frustrations et les rancœurs et encouragent et structurent le racisme anti-algérien en particulier et anti-maghrébin en général». M. Aouinit a également réitéré les exigences des associations, ONG et syndicats ayant appelé à ce rassemblement, à savoir «la liberté d'accès effective aux archives pour tous, historiens et citoyens», «le développement de la recherche historique sur ces questions dans un cadre bilatéral et international» et, enfin, «l'inscription dans les manuels scolaires de cette tragédie du 17 octobre 1961». Le président du MRAP a également considéré que «l'exigence de la reconnaissance de ce massacre est une condition d'apaisement, une donnée cardinale pour permettre et construire le vivre-ensemble». «Le MRAP attend une reconnaissance officielle de ce massacre d'Etat commis le 17 octobre 1961 ainsi que la condamnation par les plus hautes autorités françaises de la pratique de la torture, des crimes contre l'humanité commis au nom de la France pendant la guerre d'Algérie», a affirmé le président de cette ONG. Il a proposé «un travail approfondi sur l'histoire coloniale de la France, en Afrique, en Asie, depuis les massacres de Sétif et de Madagascar jusqu'aux crimes de guerre commis en Algérie et ailleurs», afin que la France «se libère et des préjugés hérités du colonialisme et des séquelles de la guerre d'Algérie qui marquent encore profondément la vie publique et la société civile». Une minute de silence a été observée devant la plaque apposée sur le pont Saint-Michel, avant que des gerbes de fleurs soient jetées dans la Seine à la mémoire des victimes de ces massacres. Rappelons que plusieurs rassemblements ont été organisés dans la banlieue parisienne, à La Courneuve, à Aubervilliers, à Vitry et dans d'autres villes comme Lyon, Grenoble et Lille, pour marquer l'événement.