ALGER - Le Conseil de sécurité de l'ONU examinera mercredi la demande historique d'adhésion à part entière de l'Etat de Palestine aux Nations unies, une démarche fortement soutenue par de nombreux pays à travers le monde. Les quinze pays membres du Conseil ont décidé de se réunir "en séance formelle mercredi (matin) afin d'examiner la candidature de l'Etat de Palestine pour devenir membre. L'objectif est de la renvoyer au Comité permanent sur les admissions'', a déclaré le président en exercice du Conseil de sécurité, le Représentant permanent du Liban, Nawaf Salam, à l'issue de consultations du Conseil de sécurité lundi. Vendredi dernier, le président palestinien, Mahmoud Abbas, avait remis au Secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, la lettre de candidature de la Palestine pour devenir membre des Nations Unies. ''Votre soutien à la création de l'Etat de Palestine et à son admission à l'ONU en tant que membre à part entière est la plus grande contribution à l'élaboration de la paix en Terre sainte'', avait déclaré M. Abbas dans un discours devant les Nations Unies après avoir remis la demande. Le représentant palestinien à l'ONU, Riadh Mansour, avait exprimé lundi son souhait de voir le Conseil de sécurité voter pour l'adhésion de la Palestine à l'Organisation internationale. "Nous espérons que le Conseil de sécurité (...) va permettre à la Palestine de devenir membre des Nations unies", a déclaré M. Mansour. M. Mansour avait indiqué qu'il "espérait que le Conseil de sécurité ferait preuve de responsabilité", soulignant que 131 pays ont désormais reconnu la Palestine comme un Etat souverain. "Nous rencontrons tous les pays membres du Conseil de sécurité" pour les convaincre de voter en faveur de l'adhésion de la Palestine, avait encore indiqué M. Mansour. Les Palestiniens espèrent obtenir au moins neuf voix sur quinze au Conseil, minimum requis pour que leur demande puisse faire l'objet d'une "recommandation" du Conseil à l'Assemblée générale de l'ONU, passage obligé pour que celle-ci se prononce par un vote à son tour. Six membres du Conseil de sécurité, permanents ou non, ont déjà dit qu'ils approuvaient la demande palestinienne : Chine, Russie, Brésil, Inde, Liban et Afrique du Sud. De nombreux autres pays ont aussi apporté leur large soutien à la demande palestinienne, excepté les Etats-Unis, opposés à cette démarche. Les dirigeants palestiniens appellent la présidence américaine (Maison Blanche) à revoir sa position sur cette question et à se placer du côté de la majorité en faveur de l'adhésion de la Palestine aux Nations unies. Jeudi dernier, le Rapporteur spécial de l'ONU sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés, Richard Falk, a appelé tous les Etats membres des Nations Unies à reconnaître la réalité d'un Etat palestinien et a exhorté Israël à écouter la volonté du peuple palestinien. "Le prochain débat sur l'initiative de la Palestine aux Nations Unies fournit une occasion capitale à la communauté internationale de répondre à un héritage d'injustice", a souligné M. Falk, ajoutant que "pendant plus de 44 ans, les Palestiniens en Cisjordanie, y compris El-Qods-Est, et dans la bande de Ghaza ont souffert sous l'occupation d'Israël". Devant les membres du Conseil de sécurité qui tenait mardi une séance publique sur le Moyen-Orient, y compris la question palestinienne, le secrétaire général-adjoint aux Affaires politiques de l'Onu, Lynn Pascoe, a affirmé que les obstacles à l'admission de la Palestine en tant que Etat membre à part entière à l'ONU sont "politiques et non pas institutionnels". L'Autorité palestinienne était bien "capable" de présider un Etat, a-t-il affirmé. "Vous êtes saisis de la demande palestinienne et c'est à vous maintenant de jouer", a lancé M. Pascoe à l'adresse des membres du Conseil de sécurité qui se sont retirés par la suite pour poursuivre leurs consultations en privé. L'examen de la candidature de l'Etat palestinien à l'ONU se tiendra, au moment où le Quartette international pour le Proche Orient souhaite plutôt une reprise des négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens. Mais cette option est devenue de plus en plus difficile en raison de l'entêtement d'Israël dans sa politique de colonisation. En réaction à l'appel du Quartette, les dirigeants palestiniens, dont le président Abbas, ont rejeté catégoriquement toute reprise des pourparlers avec Israël avant un gel total de la colonisation juive dans les territoires occupés. Mardi matin, les autorités d'occupation n'ont pas pris cette condition au sérieux et ont décidé d'approuver un nouveau plan prévoyant la construction de 1.100 logements dans la partie Est de la ville sainte d'El-Qods occupée, enfonçant davantage le processus de paix dans l'impasse. L'occupant israélien "répond au communiqué du Quartette par non", en approuvant un plan de 1.100 nouveaux logements dans la partie Est de la ville sainte d'El-Qods, a déploré le négociateur palestinien Saëb Arekat. "Ce nouveau plan israélien constitue un 1.100 non au communiqué du Quartette (Etats-Unis, Union européenne, ONU et Russie)", qui avait appelé vendredi à relancer les négociations de paix israélo-palestiniennes, a dénoncé le négociateur palestinien.