La mobilisation internationale pour l'adhésion de l'Etat palestinien à l'ONU s'accroît davantage malgré les menaces des Etats-Unis d'utiliser leur veto contre cette requête légitime, qui sera remise vendredi au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. En visite à New York depuis lundi dernier, le président palestinien Mahmoud Abbas a déjà informé Ban Ki-moon de son intention de lui remettre la demande d'adhésion d'un Etat palestinien pour qu'elle soit soumise ensuite au Conseil de sécurité. M. Abbas veut d'abord obtenir un vote du Conseil de sécurité avant d'envisager «d'autres options», avait expliqué mardi le haut responsable palestinien, Nabil Chaâth. «Le président a dit : Nous voulons d'abord une décision du Conseil de sécurité. Après, toutes les options sont ouvertes», avait affirmé M. Chaâth, membre de la délégation palestinienne. Une majorité de neuf voix au Conseil de sécurité de l'ONU est nécessaire pour que la demande palestinienne soit validée. Mardi dernier, M. Abbas s'est entretenu de cette question successivement avec le président français Nicolas Sarkozy et le chef de la diplomatie britannique William Hague, dont les deux pays sont membres permanents du Conseil de sécurité. De nombreux pays à travers le monde, dont notamment la Russie, le Royaume-Uni, la France, la Chine, l'Allemagne et l'Inde ainsi que le Venezuela ont d'ores et déjà apporté leur soutien à la reconnaissance de l'Etat de Palestine et son adhésion à l'ONU, selon un sondage publié lundi dernier par des médias britanniques. «La Chine respecte et soutient le projet palestinien portant la demande d'adhésion de leur Etat à l'ONU», a déclaré mardi dernier le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hung Lee. L'établissement de l'Etat palestinien «est un droit inaliénable et constitue une condition préalable pour la paix avec Israël», a-t-il ajouté. Membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, la Russie va, elle aussi, soutenir «certainement» la demande d'adhésion aux Nations unies d'un Etat palestinien, a déclaré mardi le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov. De son côté, le président vénézuélien Hugo Chavez a qualifié la demande d'adhésion de la Palestine à l'ONU d'«acte de justice historique à l'égard d'un peuple qui subit depuis des temps immémoriaux toute la douleur et la souffrance du monde». Quant aux Etats-Unis, allié d'Israël, il reste toutefois le seul pays opposé à la démarche palestinienne, après avoir menacé d'utiliser son veto pour bloquer la requête au Conseil de sécurité de l'ONU. Décidés à faire entendre leur voix devant la communauté internationale à l'ONU, les dirigeants palestiniens ont appelé leurs homologues américains à revoir leur position et à se mettre du côté de la majorité. Washington «doit changer sa position» vis-à-vis de notre demande légitime, a insisté le ministre palestinien des Affaires étrangères, Ryadh El-Maliki, en marge d'un entretien mardi avec son homologue vénézuélien Nicolas Maduro mardi à New York. «Nous ne savons pas pour l'instant comment vont réagir les Etats-Unis. (...) Nous espérons qu'ils vont réviser leur position et se placer du côté de la majorité des pays», a-t-il ajouté. Le président Abbas doit rencontrer mercredi son homologue américain Barack Obama pour justement lui expliquer les intentions de la partie palestinienne sur ce sujet. M. Abbas «va faire comprendre au président américain que la décision palestinienne de recourir à l'ONU a pour objectif de parvenir à la paix au Proche-Orient», a souligné Saëb Arekat, membre du comité exécutif de l'Organisation de la Libération de la Palestine (OLP). «Nous souhaitons que le monde comprenne que l'objectif de l'adhésion de notre Etat à l'ONU est de consolider la paix sur la base de deux Etats indépendants fondés sur les frontières de 1967», a-t-il ajouté. «Notre demande d'adhésion à l'ONU est un droit légitime et elle n'est pas contre les résolutions internationales ou contre le dialogue et la paix», a-t-il expliqué. En prévision de cet évènement historique et crucial, des centaines de milliers de Palestiniens continuaient mercredi à manifester leur soutien à l'adhésion de leur Etat à l'Organisation des Nations unies. Dans la matinée, des affrontements ont éclaté à El-Khalil en Cisjordanie, lorsque l'armée d'occupation israélienne a tenté d'entraver la manifestation. A Ramallah, des groupes de Palestiniens ont commencé à affluer vers la place du défunt leader historique palestinien Yasser Arafat, où est prévue une grande manifestation dans la journée. Mardi, des centaines d'étudiants ont manifesté dans les autres villes de la Cisjordanie pour soutenir la demande d'adhésion de l'Etat palestinien à l'ONU.