ALGER - Un attentat à la bombe a secoué mercredi la capitale somalienne Mogadiscio au lendemain d'une attaque à la voiture piégée attribuée par le gouvernement aux insurgés "shebab", cible depuis près d'une semaine d'offensives des forces kenyanes appuyées par les troupes somaliennes. Au moins deux personnes ont été blessées par l'explosion d'une bombe dans une rue près du port de Mogadiscio, a indiqué un habitant cité par les médias. Cette explosion est survenue au lendemain d'un attentat à la voiture piégée près de l'immeuble du ministère des Affaires étrangères, faisant quatre morts et cinq blessés, selon la police. La police somalienne attribue ces deux attaques aux insurgés "shebab", traqués depuis une semaines par les forces kenyanes appuyées par les forces du gouvernement de transition somalien. Celles-ci prévoient de nouvelles attaques dans le sud de la Somalie contre les shebab, accusés par Naïrobi d'être derrière l'enlèvements de travailleurs étrangers dans l'est du Kenya. En prévision de nouvelles offensives, l'armée kenyane a déjà renforcé ses positions dans les villes du sud de la Somalie, en proie à l'insécurité en raison des violences et des actes de piraterie. "Nos forces sont prêtes à mener cette bataille jusqu'à son terme", a indiqué un porte-parole de l'armée kenyane, le commandant Emmanuel Chirchir, au quatrième jour de l'entrée de soldats kenyans en Somalie pour y combattre les insurgés. Lundi, les troupes kenyanes "ont avancé plus profondément dans le sud de la Somalie et se rapprochent du village de Qoqani, un bastion des insurgés shebab", a-t-il précisé. Cité par les médias, un porte-parole présumé du groupe d'insurgés, Ali Mohamed Rage, a indiqué que "les rebelles sont prêts à frapper les intérêts kenyans si le Kenya n'arrête pas son offensive" en Somalie. Les troupes gouvernementales somaliennes ont annoncé dimanche avoir pris le contrôle d'une ville du sud du pays qui était aux mains du groupe d'insurgés. Quant aux shebab, ils contrôlent toujours la plus grande partie du sud et du centre de la Somalie, en proie au chaos et à l'anarchie depuis vingt ans. Face à cette insécurité, le commandant de la force de l'Union africaine en Somalie (Amisom), le général Fred Mugisha, avait déjà appelé en août dernier la communauté internationale à envoyer 3.000 hommes supplémentaires d'urgence pour porter de 9.000 à 12.000 le nombre de soldats de l'Amisom afin de sécuriser les quartiers abandonnés à Mogadiscio par le groupe "shebab". En décembre 2010, le Conseil de sécurité de l'ONU avait demandé à l'UA de porter de 8.000 à 12.000 le nombre de soldats de l'Amisom, actuellement composés de 9.000 militaires ougandais et burundais. Hostiles à la politique du président somalien Sharif Sheikh Ahmed, les insurgés shebab s'étaient retirés en août dernier de la capitale Mogadiscio après plusieurs jours de combats, qui avaient obligé des milliers d'habitants à fuir les violences. Ces violences exacerbent davantage une situation critique dans le pays, où sévit une grave sécheresse et une famine aiguë qui continue de soulever les inquiétudes de la communauté internationale. En parallèle, la Somalie est confrontée aux actes de piraterie, qui sont devenus "une soure d'insécurité non seulement dans la orne de l'Afrique mais aussi dans le monde entier", avait estimé le marché commun de l'Afrique orientale et australe (Comesa). "La situation en Somalie est devenue une source majeure d'insécurité non seulement dans la Corne de l'Afrique, mais aussi dans le monde entier, à cause de la piraterie et des menaces du terrorisme" ainsi que de "la prolifération des armes illicites et d'armes légères vers les Etats voisins", avait souligné le Comesa lors d'une réunion tenue récemment Lilongwe (Malawi). Ces problèmes qui s'ajoutent au flux de réfugiés vers le Kenya et vers d'autres pays voisins aura un impact négatif sur l'économie de la région, a-t-il estimé.