ALGER - La France doit reconnaître les crimes qu'elle a commis en Algérie durant la période coloniale afin de "tourner définitivement cette page", a réaffirmé mardi à Alger, le secrétaire général de l'Organisation nationale des Moudjahidine (ONM), M. Saïd Abadou. Invité de l'émission "Points sur les I" de Radio internationale, M. Abadou a affirmé que l'établissement d'une véritable coopération entre les deux Etats et peuples passait inévitablement par la reconnaissance de la France de ses crimes, commis contre le peuple algérien, la présentation d'excuses et des dédommagements. Il a accueilli favorablement les déclarations du candidat socialiste à la prochaine présidentielle (opposition), François Hollande, qui a pris part à la marche organisée à Paris à l'occasion de la commémoration des massacres du 17 octobre 1961 souhaitant que cette démarche n'obéisse pas à des fins électoralistes. Par ailleurs, M. Abadou est revenu sur les essais nucléaires français dans le Sahara algérien estimant que la loi promulguée récemment en France sur l'indemnisation des victimes de ces essais n'était qu'un subterfuge et qu'elle "démontrait une fois encore que la France n'est pas sérieuse vis à vis de ce dossier". Il a, d'autre part, préconisé l'ouverture de chaînes télévisée et radiophonique thématiques qui s'intéresseront à l'histoire d'Algérie en général et la guerre de libération en particulier déplorant le "peu" d'intérêt des chaînes nationales pour cet aspect de l'Histoire. Il a ajouté avoir soulevé cette question et celle relative à la création d'une fondation de la mémoire nationale devant l'Instance des consultations nationales. Pour ce qui est du refus du parti du FLN de l'exploitation de certains concepts historiques par les autres courants et formations politiques dans leur dénomination, M. Abadou a estimé qu'il s'agissait d'une question de "forme" ajoutant que "tout citoyen a le droit de s'inspirer des valeurs de la Révolution". Le plus important, selon lui, ce sont les programmes de ces partis et le rôle qu'ils doivent jouer dans l'édification de l'Algérie. Concernant la polémique suscitée autour de certains leaders historiques, M. Abadou a affirmé que la question relevait de la compétence des historiens à qui il revient d'entreprendre les recherches et analyses nécessaires et de se prononcer en conséquence. "Notre mission au sein de l'ONM est d'évoquer ce que nous avons vécu en tant que moudjahidine et de transmettre le message de Novembre aux générations montantes", a-t-il dit. A une question sur le nombre global de moudjahidine, le SG de l'ONM a fait savoir que son organisation n'avait pas cette donnée qui est du ressort du ministère de tutelle indiquant toutefois que l 'ONM compte plus de 100.000 Moudjahid. Il a par ailleurs évoqué les préparatifs en cours pour la tenue du 11eme congrès de l'organisation qui coïncidera avec la fête de la Victoire, célébrée le 19 mars de chaque année.