Les appels invitant les pouvoirs et les institutions publiques à obliger la France à demander des excuses au peuple algérien sur les crimes commis durant la période coloniale se multiplient. Ce fut le cas hier de Saïd Abadou, secrétaire général de l'organisation nationale des moudjahidine, qui a appelé les institutions de l'Etat algérien à assumer sa responsabilité historique en exigeant le pardon avant de tourner la page pour une relation d'échange équilibré entre les deux pays. «L'Etat doit assumer sa responsabilité en restant attaché aux revendications légitimes du peuple algérien. Il doit pousser l'Etat français à reconnaître ses crimes commis durant sa présence en Algérie, indemniser les victimes et restituer les archives, le matériel, les biens, et l'argent», a tenu à préciser M. Abadou dans une allocution présentée hier lors de la journée parlementaire organisée à l'occasion de la journée commémorative des événements tragiques du 17 octobre 1961, organisée à l'APN. Le SG de cette organisation conditionne la normalisation des relations d'amitié et de coopération avec la France par la prononciation du pardon. «La concrétisation de ces revendications est la seule et unique voie qui nous permettra de tourner la page douloureuse du passé et de bâtir des relations amicales et de coopération pour l'intérêt des deux peuples algérien et français. L'existence d'une autre alternative qui ne prend pas en compte les réalités historiques n'a aucune chance de réussite qu'elles que soient les circonstances», a-t-il indiqué. M. Abadou est revenu sur les mesures récentes prises par les responsables de l'Etat français, notamment la loi sur l'abolition du colonialisme, le refus de Nicolas Sarkozy de prononcer le pardon sur les crimes de guerre commis par l'armée française, estimant que cette page doit être tournée pour laisser place à de nouveaux horizons, selon sa propre vision sur les relations bilatérales et l'officialisation de la journée du 5 juin au lieu du 19 mars comme date marquant la fin de la guerre contre l'Algérie, «ce qui dénote la politique de fuite en avant pratiquée par les autorités françaises», a-t-il souligné. Dans le même contexte, il a évoqué la proposition de son premier ministre François Fillon portant sur la création d'une fondation pour la mémoire de la guerre d'Algérie «une décision qui entre dans le cadre de l'application de l'article 3 de février 2005». M. Abadou a mis l'accent sur la nécessité d'apprendre l'histoire glorieuse de la libération nationale aux générations futures dénonçant les nombreuses tentatives de falsification des événements vécus durant cette période. Il a estimé que l'écriture de l'histoire ne doit pas être tributaire de la seule mémoire des moudjahidine. Il faut l'intégrer dans la mémoire collective du peuple, notamment dans cette conjoncture marquée par la suppression des frontières géographiques, politiques et légales.