ALGER - La Ligue arabe qui poursuit ses efforts en vue de mettre fin à la crise qui dure depuis plusieurs mois en Syrie, a pressé le régime syrien d'appliquer le plan arabe de sortie de crise, lui donnant un délai de trois jours. A l'issue de sa réunion au niveau ministériel mercredi à Rabat et consacrée à la crise syrienne, la Ligue arabe a donné à la Syrie un nouveau délai de trois jours pour l'arrêt des violences, faute de quoi des "sanctions économiques" seront adoptées. Le Conseil de la ligue arabe a, en outre, adopté un projet de protocole relatif à l'envoi d'une mission d'observation arabe en Syrie pour vérifier l'application par la Syrie des points du plan arabe pour le règlement de la crise et la protection des civils. Cette mission sera immédiatement dépêchée après la signature du protocole par le gouvernement syrien dans un délai de trois jours, à compter de la publication de cette décision, et après la cessation de tous les actes de violence, selon le Conseil. Les chefs de diplomatie arabes ont demandé à Damas de donner son accord pour ce protocole, afin de s'enquérir de la situation sur le terrain, où les violences ont fait des milliers de morts entre civils et militaires depuis le début en mars dernier du mouvement de protestation contre le régime de Bachar Al Assad. "Nous allons envoyer dans un premier lieu entre 30 et 50 observateurs et il est possible qu'on ait recours à l'aide d'autres pays musulmans", a précisé le Premier ministre et chef de la diplomatie du Qatar Hamad ben Jassem. Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a souligné qu'en cas de signature du protocole par Damas, l'organisation panarabe va se positionner avec un double objet. Il s'agit premièrement, a-t-il expliqué, de vérifier, ce qui se passe sur le terrain et deuxièmement de faire en sorte que le contrôle des actions de la protection des citoyens, soit un contrôle supervisé par les observateurs arabes. "Les observateurs arabes prennent là une responsabilité importante", a relevé M. Medelci, soulignant qu'"ils auront besoin de soutien, à la fois en terme d'expertise, d'équipements et de soutiens financiers". La Ligue arabe avait suspendu la participation de la Syrie à ses réunions jusqu'à ce qu'elle honore son engagement d'appliquer le plan arabe de sortie de crise, prévoyant l'arrêt des violences, la libération des détenus, le retrait de l'armée des villes et la libre circulation des médias. La suspension de la Syrie des réunions de la Ligue arabe a suscité de vives réactions de partisans du président Bachar Al Assad, qui ont organisé plusieurs manifestations à travers le pays pour exprimer leur rejet. Différentes ambassades ont été la cible d'attaques dans la capitale. Les autorités syriennes ont mis en garde contre ces attaques visant des représentations diplomatiques étrangères, avertissant qu'elles "arrêteraient et jugeraient toute personne qui attaquerait une représentation diplomatique". Le ministère de l'Intérieur syrien a rappelé que le gouvernement était "tenu par les conventions internationales notamment la Convention de Vienne", stipulant la protection des missions diplomatiques. En dépit des réformes annoncées par le régime qui a multiplié les signes d'ouverture, en libérant notamment des milliers de prisonniers, les violences n'ont pas cessé. Jeudi, des soldats dissidents, selon diverses sources, ont attaqué un centre des services de sécurité dans la région d'Idleb (nord-ouest) selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Lundi, plus de 70 personnes, dont des dizaines de soldats, ont été tuées, toujours d'après l'OSDH. Ces évènements ont suscité l'"inquiétude" de la Chine qui a réitéré jeudi son appel "aux parties concernées en Syrie à mettre un terme à la violence", tout en demandant à la Syrie "de mettre en œuvre le plan arabe". Membre permanent du Conseil de sécurité, la Russie qui a opposé avec la Chine début octobre son veto à un projet de résolution de pays occidentaux de nouvelles sanctions contre la Syrie, a appelé jeudi la communauté internationale à inciter toutes les parties syriennes à mettre fin aux violences. "Tous les Etats qui souhaitent une issue pacifique aux événements en Syrie appellent non pas seulement les autorités syriennes à cesser la violence mais aussi tous les groupes d'opposition", a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. La Russie a également pressé le pouvoir syrien d'appliquer l'initiative arabe de paix et a exprimé son appui à l'envoi d'observateurs en Syrie, tout en se disant prête à contribuer au lancement d'un dialogue inter-syrien. Des hauts responsables russes avaient reçu mardi une délégation de l'opposition syrienne, représentée par le Conseil national syrien (CNS). Celle-ci a indiqué qu'elle ne négocieraient pas avec le président Bachar El-Assad et voulait que l'ONU envoie des soldats de maintien de la paix dans le pays pour protéger les civils. Selon l'ONU, les violences ont quelque 3.500 morts. Damas fait état de son côté de 1.800 morts pour la plupart des militaires.