CRANS-MONTANA (Suisse) - Le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, M. Abdelkader Messahel a affirmé jeudi à Crans-Montana (Suisse) que la sécurité, aujourd'hui, doit être appréhendée dans une "optique globale" du fait de l'existence de relations "étroites" entre les dimensions politique, juridique, économique et sociale de la sécurité. Intervenant au cours du débat de la 13ème session annuelle du Forum de Crans-Montana, M. Messahel a souligné que "dans un monde de plus en plus interdépendant, la sécurité ne peut se limiter à une aire géographique ou géopolitique", ce qui implique, a-t-il précisé "une coopération internationale renforcée et adaptée". Pour le ministre délégué, "la mobilisation de l'Algérie et des pays frères de la zone sahélo-saharienne réussira, grâce au déploiement du partenariat international dont les fondations ont été bâties en commun", ajoutant que cette mobilisation réussira "à extirper le terrorisme et le crime organisé d'une région qui aspire à se consacrer entièrement à assurer, dans la paix et la concorde, le mieux-être pour ses peuples". M. Messahel a rappelé que la conférence sur le partenariat, le développement et la sécurité, qui avait réuni à Alger (7 et 8 septembre 2011), les quatre pays du champ (Algérie, Mali, Niger, Mauritanie), des représentants de haut niveau des pays partenaires, des bailleurs de fonds, des institutions des Nations unies ainsi que des organisations régionales, a constitué un jalon important dans la lutte contre le terrorisme. Cette conférence, a-t-il relevé, a débouché sur une "vision stratégique commune" et a défini les bases d'un "partenariat adapté aux besoins des pays eux-mêmes, conformément au principe d'appropriation et qui, en outre, couvre la double dimension de sécurité et de développement". Le ministre délégué a indiqué que les apports attendus dans le domaine de la sécurité portent sur le renforcement des capacités, la coopération en matière de renseignement et la fourniture d'équipements et de matériels spécifiques. En matière de développement, les partenaires sont convenus d'adapter leurs stratégies et politiques de financement de manière à contribuer à la lutte contre la pauvreté et l'accélération du développement, y compris par le soutien aux infrastructures de désenclavement, a-t-il dit. Poursuivant son intervention, M. Messahel a rappelé qu'au titre du suivi des résultats de la conférence d'Alger, la rencontre de Washington (7 et 8 novembre 2011), qui a réuni les ministres des Affaires étrangères des pays du champ et des responsables américains des différents organismes compétents, a permis d'approfondir le dialogue politique et d'entamer des discussions sur des créneaux ciblés de partenariat. En ce sens, il a ajouté qu'une rencontre similaire se tiendra prochainement avec l'Union européenne, annonçant également qu'une nouvelle conférence de haut niveau entre les pays du champ et les partenaires extra-régionaux aura lieu dans un pays du champ dans le courant du premier semestre 2012. Abordant la question du fonctionnement du Forum global de lutte antiterroriste, lancé en septembre 2011 à New-York, le ministre délégué a estimé que la création, en son sein d'un groupe de travail sur le Sahel, coprésidé par l'Algérie et le Canada, était "hautement significatif". Par ailleurs, évoquant la situation dans le continent africain, le ministre délégué a souligné que la norme démocratique est devenue en Afrique "la règle et non plus l'exception", ce qui s'est traduit par des "progrès indéniables" en matière d'amélioration de la gouvernance, de protection et promotion des droits de l'homme et de participation de la société civile au processus de développement politique, économique et social. Partant de ce constat, M. Messahel a rappelé que les menaces sur la stabilité et la sécurité dans la zone sahélo-saharienne sont liées au terrorisme et ses liens avec les différentes formes de crime organisé et à la circulation incontrôlée d'armes, aggravée par le flux d'armes de tous calibres en provenance de Libye, ainsi qu'à la pauvreté. "Il est établi que la jonction entre les réseaux mafieux et les groupes terroristes, ainsi que le paiement des rançons aux preneurs d'otages, alimentent les capacités opérationnelles des groupes terroristes en leur fournissant les ressources nécessaires au recrutement de nouveaux éléments et à l'acquisition de matériels et équipements", a-t-il affirmé. Pour y faire face, les pays du champ (l'Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger) ont mis au point une stratégie globale et intégrée qui érige l'appropriation en "principe cardinal" —ce qui implique que les Etats de la région assument individuellement et collectivement la responsabilité des réponses à apporter à ces menaces— et engagé un dialogue approfondi avec les partenaires extra-africains, a conclu le ministre délégué. M. Messahel dirige la délégation algérienne aux travaux de cette 13ème session annuelle du forum de Crans-Montana consacrée à la sécurité globale dans un monde en mutations.