PARIS - Un appel pour faire reconnaître par la France sa responsabilité dans ses crimes commis durant la période coloniale, notamment en Algérie, a été lancé par des militants des droits de l'homme et des responsables associatifs, a-t-on appris lundi auprès d'un des initiateurs de l'appel, Henri Pouillot. "La France doit reconnaître sa responsabilité et condamner les crimes d'Etat et crimes contre l'Humanité commis en son nom pendant sa domination coloniale et pendant les guerres coloniales, tout particulièrement en Algérie", écrivent les auteurs de l'appel pour qui "le colonialisme et le racisme se sont toujours confondus". "Sous prétexte d'apporter +La civilisation+, on constate la mise en cause de la culture, la mise en place d'une société à deux vitesses où les autochtones sont considérés comme des sous citoyens, humilités, maltraitésà, les répressions massives face à la moindre velléité de révolte, le pillage des richesses locales au profit des colonisateurs et des oligarchies financières qui contrôlent la vie économique et politique des colonies", soutiennent-ils, affirmant que pour ces raisons, "le colonialisme ne peut être considéré que comme un crime contre l'Humanité". Selon M.Pouillot, témoin de la guerre d'indépendance nationale, il s'agit d'interpeller, à travers cette pétition ouverte à la signature, les plus hautes Autorités de l'Etat (président de la République et Premier ministre) ainsi que les candidats à l'élection présidentielle au printemps 2012, sur la nécessité de "reconnaître et condamner la responsabilité de la France pour sa politique coloniale passée". Ces élections coïncideront avec le cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie et il serait "plus que nécessaire" de poser le problème de la reconnaissance aux candidats à la magistrature suprême du pays et de "les mettre devant leur responsabilité", a-t-il indiqué à l'APS, précisant que l'ensemble des signatures de l'appel seront portées à la connaissance des concernés vers avril-mai prochains. Il leur sera notamment demandé de reconnaître les crimes d'Etat dont le massacre du 17 octobre 1961 à Paris où des centaines d'Algériens ont été tués, noyés parce qu'ils s'opposaient à un couvre-feu raciste et réclamaient la "paix en Algérie", et les crimes contre l'Humanité dont les enfumades, les viols, les tortures et les exécutions sommaires. Cette initiative intervient quelques jours après une action similaire conjointement entreprise par l'Association "Au nom de la Mémoire" et le journal en ligne Mediapart pour la reconnaissance des massacres du 17 octobre 1961 à Paris. Plus de 10 000 premières signatures avaient été adressées dans ce sens le 8 novembre dernier au Sénat, à l'Assemblée nationale, à l'Elysée (présidence) et à Matignon (gouvernement).