L'appel ouvert pour la "reconnaissance officielle" des massacres d'Algériens le 17 octobre 1961 à Paris a récolté à ce jour plus de 10000 signatures, dont celles prestigieuses d'intellectuels, d'anciens ministres et de partis politiques, qui seront bientôt portées devant les plus hautes autorités françaises, a-t-on appris auprès d'un responsable associatif, Mehdi Lallaoui. Selon le président de l'Association Au nom de la Mémoire, à l'initiative de cette action avec le journal en ligne Médiapart, l'appel sera déposé "novembre prochain auprès des plus hautes autorités de la République française, pour enfin arracher la reconnaissance de ce qu'il convient de qualifier de crime d'Etat". "Dès novembre, des délégations composées de personnalités et d'anciens résistants se déplaceront successivement au Sénat, à l'Assemblée nationale, à l'Elysée (présidence) et Matignon (gouvernement) pour y déposer cet appel", a-t-il indiqué à l'APS. En tête des signataires de l'appel, lancé le 12 octobre sur Mediapart, figurent l'humaniste, philosophe et ancien diplomate Stéphane Hessel, le sociologue Edgard Morin, les historiens Benjamin Stora, Jean-Luc Einaudi et Gilles Manceron, l'écrivain et ancien éditeur François Maspero, le mathématicien Michel Broué et le fondateur du Nouvel Observateur Jean Daniel. L'appel, signé également par des Algériens, représentant pour la plus part la société civile, a aussi reçu le soutien de toutes les forces politiques de la gauche française dans sa diversité. Figurent sur la liste les dirigeants du Parti socialiste, d'Europe Ecologie-Les Verts, du Parti de gauche, du Parti communiste et du Nouveau Parti anticapitaliste. Pour ses auteurs, le temps est venu d'une "reconnaissance officielle de cette tragédie, dont la mémoire est aussi bien française qu'algérienne". Ils estiment que reconnaître les crimes du 17 octobre 1961 c'est aussi ouvrir les pages d'une "histoire apaisée" entre les l'Algérie et la France. Selon le président de l'Association des moudjahidine de la Fédération du FLN (1954-1962), Akli Benyounes, la chasse à l'homme sanglante déclenchée contre les Algériens le 17 octobre 1961 à Paris s'est soldée de 12 000 à 15 000 interpellations dont 3 000 cas d'emprisonnement, tandis que 1500 manifestants devaient être refoulé vers leurs régions d'origine, en Algérie. 300 à 400 morts par balles, à coups de crosse ou par noyade dans la Seine, 2400 blessés et 400 disparus ont été dénombré suite à la répression féroce menée contre les manifestants pacifiques par la police parisienne, dirigée par le préfet Maurice Papon, a-t-il rappelé.